Du « rarement vu »... qui retombe un peu.

Her de Spike Jonze raconte l'histoire d'un écrivain de lettres à l'usage d'autres personne, dans une agence spécialisée dans ce type de service, dans un futur proche, qui tombe amoureux de l'OS de son smartphone (qui est aussi l'OS de son PC). (En fait, c'est comme si on tombait amoureux de notre système d'exploitation Windows, si Windows vous parle du moins.)

Alors, au lieu de tomber dans la critique de la destruction des liens entre humains causée par la technologie, Spike Jonze ose partir dans une thèse bien différente de tout ce qui s'est vu au niveau de la réflexion quant aux liens entre humains et ordinateur. Bien qu'il présente un monde où toute personne possède et trimbale ce petit smartphone à longueur de temps, et se déplace seul, oreillette branchée à parler dans son coin à quelqu'un de physiquement absent (tiens j'ai comme une impression de déjà-vu... oui c'est très proche de ce que l'on vit actuellement en fait).

Pour revenir sur la différence de sa thèse, elle est réellement novatrice, car il voit plus loin que la classique vision des technologies coupant son utilisateur du « monde réel », puisqu'il pose cette question du besoin de posséder un corps pour vivre une idylle amoureuse. Question qui taraude beaucoup le principal protagoniste Théodore, puis qu'il accepte ensuite, à la vue du développement de l'I.A. dont il tombe amoureux, qui porte le nom doucement ringard de Samantha, capable de développer une véritable personnalité grâce à ses expériences « sociales » et ses recherches sur le monde via différents réseaux.

Alors, pourquoi pas ? Pourquoi s’empêcher de tomber amoureux de cette I.A. si humaine (utopique quand même, juste pour prévenir, c'est trop développé pour un jour exister, encore que...) ?
Restent les quelques préjugés anti-technologiques (que j'avoue posséder), qui nous font nous dire « Ouais mais nan mais c'est pas possible de vivre comme ça une relation », qu'on a tendance à éradiquer à la vue du film pour une vision plus ouverte d'esprit.

Spike Jonze pose aussi la question de ce qu'est l'existence physique, Samantha n'existe-t-elle pas aussi physiquement ? C'est un film en point d'interrogation.

Ce qui me plaît c'est cette vision complètement nouvelle qu'apporte Jonze sur la technologie et notre rapport à elle, car il ne se contente pas de simplement reprendre une critique totale de cette dernière, comme beaucoup l'on fait dans un résultat plutôt lassant...

Mais tout n'est pas complètement rose pour l'intégralité du film (comme son affiche, encore que certains disent rose, mais je la vois plutôt rouge - hors-sujet). Au niveau esthétique c'est très, très, très propre. L'ambiance correspond très bien à la vision du monde que veut rapporter Spike Jonze, rempli de Hipsters avec des moustaches et des pantalons remontés bien trop haut (quand même il fallait le dire), mais ça reste apaisant, pas trop fade ni violent (encore que des fois c'est un tout petit peu lassant cette tranquillité). On pourrait le qualifier de décor « agréable ».

La manière de filmer et l'ambiance lumineuse ressemblent quand même beaucoup à un filtre « instagram » permanent mais si ça sert le sujet, pourquoi pas.

Pour arriver à ce qui fâche, j'ai l'impression qu'il manque un équilibre, entre les 3/4 du film et sa fin. Pourquoi est-ce que l'intégralité du film se déroule lentement, doucement, puis à la fin boum, rideau rapide qui nous laisse un peu dans un sentiment mêlé entre « absence de sentiment » et « absence de compréhension ».

En effet, je pense qu'une fin traitée plus lentement aurait aidé le spectateur à digérer la thèse finale que j'ai mal/pas compris. Un film qui glisse sur toute sa longueur, tant au niveau du scénario, du rendu esthétique très lisse, de la musique (d'Arcade Fire) très douce, des personnages très sensibles qui possèdent une vie très occidentale (sous-entendu très calme et sans risque héhé), tout cela mérite une fin dans la continuité, qui formerait un ensemble non pas parfait, mais correct, en lien avec la totalité de l'oeuvre.

Cela ne reste qu'un avis très personnel et sans doute que Spike Jonze par cette fin a pris son propre parti, mais ce n'est sans doute pas le meilleur possible.

Néanmoins je comprends pourquoi le film a reçu tant de prix pour son scénario et c'est ce scénario et ses idées novatrices qui me font lui donner un bon 7 et que je le recommande, même s'il manque de « complétion ». Puis j'aime bien les histoires d'amour, eh, alors merde. Surtout que là c'est bien goupillé.
Traum
7
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le 20 août 2014

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Traum

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