Comment parler du film qui, pour le moment, est l'une des plus grosses claques que j'ai pris au ciné en ce début d'année. Comment parler correctement de son réalisateur,Spike Jonze, qui en 2009 m'a fait voyager avec sa magnifique adaptation de Max Et Les Maximonstres ? Comment dire à quel point Joaquin Phoenix est un grand acteur depuis de nombreuses années ? Comment parler correctement de Her ?
Voila les questions qui me triturent les méninges depuis maintenant plusieurs semaines. Plusieurs semaines à repenser au film. À revoir en flash certains passages. À lire l'avis d'autres personnes. À écouter des critiques en parler. Après plusieurs semaines donc, il est temps pour moi de m'exprimer à mon tour.
Soyons clair dès le début. Tout comme Gravity n'est pas uniquement un film sur une nana perdu dans l'espace, Her n'est pas uniquement l'histoire d'un mec qui tombe amoureux du Siri de son téléphone. D'ailleurs les personnes qui résument le film de cette façon devraient se renseigner un minimum. Dans Her nous sommes face à une intelligence artificielle, et Siri est un programme de reconnaissance vocale. Ce sont deux choses qui n'ont strictement rien à voir, mais bon passons.
La chose à retenir est que Her parle avant tout d'amour. Il s'agit là du principal sujet du film. Comment, et surtout pourquoi, un être humain commence à ressentir le besoin de vivre l'amour. Quelle sont les raisons qui nous poussent à ne plus vouloir être seul. À vouloir partager nos expériences et nos passions. À ne pas traverser seul l'adversité. Bref, pourquoi notre espèce a développé au fil des ans ce besoin d'attachement. Voila le véritable sujet du film.
Oui...nous sommes bien loin d'une simple love story avec Siri...
Voila qui nous conduit au second sujet de Her. Les fameuses intelligences artificielles ! Mais bien que celles-ci aient une place très importante dans le premier sujet du film, elles sont principalement là pour mettre en avant une autre question. Comment allons nous pouvoir gérer la perpétuelle avancée de la technologie ? Comment allons nous réagir lorsque les appareils électroniques qui nous entourent seront toutes aussi, voir plus, intelligents que nous ? Mais surtout, comment vont réagir ces nouvelles formes d’intelligence ?
Car avec Her, Spike Jonze semble aller bien plus loin que la simple critique de notre époque où tout le monde est connecté. Sa critique semble, à mes yeux, surtout porter sur le fait que nous ne sommes pas capable de nous comprendre nous-même, alors que nous cherchons à donner naissance à des technologies qui devraient être capable de nous comprendre.
Oui... nous sommes toujours bien loin d'une simple love story avec Siri...
Là où Her est très fort, c'est qu'il arrive parfaitement à traiter de ces deux sujets, sur lesquels bons nombres de réalisateurs se sont déjà cassés les dents. Lorsque le film parle d'amour il ne tombe jamais dans le pathos ou dans la facilité. D'autant plus que l'amour avec un grand A n'est pas le seul à nous être montré. Her nous parle également de celui que l'on a pour un ami. La relation amicale entre la voisine de Theodore, joué par la géniale Amy Adams, et son IA est drôle et respire la sincérité tant leur amitié semble réelle à l'écran.
Dans les moments où la technologie est mis en avant, elle nous est montré de façon subtile sans prendre le spectateur pour un imbécile. Nous vivons, en même temps que Theodore, l'évolution de Samantha. La naissance de ses propres sentiments, ses doutes, ses envies et surtout, sa soif de découverte.
Le film réussit à merveille à jongler entre ces deux univers très éloignés, et pourtant si proche, car jamais l'être humain n'aura autant aimé la technologie qu'à notre époque. À l'heure des smartphones, des google cars et des casques de réalité virtuelle racheté par des réseaux sociaux dignes de Big Brother (voilà qui est fait). Jamais les avancées technologiques n'ont autant passionné que maintenant.
Oui...nous sommes définitivement bien loin d'une simple love story avec Siri...
Me voilà dans la même situation que lorsque j'ai écrit mon avis sur Gravity. Une terrible envie d'en dire énormément tant le film en question a beaucoup de chose à raconter. Malheureusement bien que la magie de l'internet permet de ne pas avoir de limite de place, trop en dire serait prendre le risque de devenir beaucoup trop pénible à lire.
Il est donc tant de conclure en disant que Her est un film poignant. Parfaitement bien réalisé et bourré de bonnes idées de mises en scène. Un Joaquin Phoenix au sommet de son art. Touchant et sincère. Le film souffre de quelques longueurs, il faut bien l’admettre, qui l’empêche d'atteindre la perfection. Her m'a mit une bien belle claque. J’espère, à vous de me le dire, que j'ai réussi à lui rendre honneur.