Joaquin Phoenix n'arrêtera jamais de me surprendre et de m'impressionner. A chaque nouveau rôle, l'acteur semble surmonter son niveau, en délivrant d'avantage d'émotion et de sentiments justes et sincères. Il faut dire que pour ce film, Spike Jonze a offert à l'acteur un rôle si singulier, si profond, que ce dernier n'avait plus qu'à mettre en exergue son talent.
Theodore est un écrivain public travaillant pour un site Web qui fournit des lettres de toutes natures à ses clients, enfin de transcrire au plus près leurs messages. Et il faut dire que Theodore sait comment exprimer les sentiments, même les plus complexes. Fraîchement sorti d'une relation amoureuse avec son épouse Catherine (campée par la si fragile Rooney Mara), Theodore traverse une période difficile, marquée par la solitude, la dépression et l'ennui.
Mais le récit se déroule en 2025, durant une ère où les nouvelles technologies prennent une ampleur considérable. C'est ainsi qu'un programme informatique, du nom de OS, a été mis en place afin de créer une véritable intelligence artificielle capable de s'adapter et d'évoluer selon les demandes du "client".
Au départ, Theodore choisit son OS pour l'aider à gérer son ordinateur et ses mails. Mais rapidement, ce programme informatique, que l'écrivain a choisi de nommer Samantha (animé par la voix si sensuelle de Scarlett Johansson), va rapidement développer une relation amicale, relation qui se transformera progressivement en histoire amoureuse...
Sur le papier, cette histoire peut sembler tirée par les cheveux. Mais à la vue du film, on se rend compte que "Her" en dit beaucoup sur notre époque et sur l'importance des nouvelles technologies dans notre quotidien. A l 'heure où les smartphones nous disent où aller pisser en ville, nous servent de boussole, ou encore écrivent des mails à notre place, on peut se demander légitimement à quoi tout cela ressemblera dans 10 ans. Et je pense que Spike Jonze n'est pas si loin de la réalité...
"Her" est avant tout porté par son acteur principal, introduit en début de critique. Joaquin Phoenix est tout simplement bluffant. Réussir à porter sur ses seules épaules plus de la moitié du film, où nous visualisons un homme solitaire et dépressif, construire une relation en dents de scie avec un programme informatique, matérialisé par une voix off. Fascinant.
Certes, le film bénéficie également d'une réalisation soignée, notamment dans l'exposition de plans contemplatifs nocturnes où plusieurs jeux de lumière donnent une dimension très synthétique à une ville marquée par les avancées technologiques.
Certes, Spike Jonze sait filmer avec talent des scènes sentimentales, en valorisant la fragilité d'une Rooney Mara et la douceur d'une Amy Adams.
Quant à la voix de Scarlett Johansson... Clairement, elle crée de l'effet, ce qui peut nous faire comprendre que le personnage de Theodore en tombe amoureux. Mais d'un autre côté, du point de vue du spectateur, nous ne pouvons nous empêcher de nous représenter la silhouette de l'actrice en entendant sa voix, ce qui, au final, donne un caractère très humain à un programme par définition immatériel. C'est certes l'enjeu de cet outil et du récit exposé, mais parfois, on peut avoir l'impression que Joaquin Phoenix taille la bavette au téléphone avec Scarlett...
Bref, je cherche la petite bête. Car au final, "Her" est un film surprenant, intelligent et terriblement émouvant. L'Oscar du meilleur scénario est loin d'être démérité, car Spike Jonze pose ici un regard à la fois critique et sensible sur une époque où les codes ne cessent de se bousculer.
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