Nominé pour la meilleure moustache de l'année

J’ai déjà écrit ma critique de la semaine, oui, je suis un gros fainéant et je n’aime pas écrire, mais je me dois tout de même de prendre mon clavier ce matin, la faim au ventre d’ailleurs, ne serait-ce que pour écrire seulement quelques mots à propos DU film du moment… (donc aucune analyse poussée de l’œuvre)


Avant de parler pleinement du film, une chose est sûre, Spike Jonze est un pro de la communication, car en voyant l’affiche du film, le visage de Phoenix , portant une bien belle moustache que même tonton Staline n’aurait pas renié, et tout cela sur fond rose. Autant le dire tout de suite, non de dieu ça attire directement cette mise en scène ! Pour le reste, ne connaissant pas le réalisateur, et constatant la réputation du film avant sa sortie, je partais plutôt confiant quand je suis entré dans la salle de ciné avec trois autres camarades du site.
Au final, qu’est-ce que ça donne que ce Her ?

Déjà, pour un petit rappel du scénario, l’action se passe dans un futur proche à Los Angeles où l’on suit Théodore Twombly, qui bosse dans une société spécialisée dans la fabrication de lettres, personnage solitaire en grande déprime après une rupture, et qui après s’être un acheté un nouveau système d’exploitation censé s’adapter à chaque utilisateur va peu à peu tomber amoureux de celui-ci…

Autant commencer tout de suite par ce qui m’a plus dans le film, notamment en premier lieu l’aspect visuel du film, la représentation de ce monde futuriste, qui en fait parait très plausible de par ce que l’on imagine déjà aujourd’hui de notre futur. Outre l’aspect des décors et costumes qui font mouche, ce sont surtout la mutation des rapports sociaux, entre individus, qui semblent se rapprocher de ce que l’on va peut être connaitre dans un futur « proche ». On se retrouve avec une espèce de fin des rapports « normaux » entre individu, où chaque individu parait renfermé sur lui-même et ne dialogue « plus » qu’avec son outil informatique qui est de plus en plus développé et semble gérer une grande partie de la vie de l’individu. Comme si en quelque sorte la trop grande présence, le trop grand développement des nouvelles technologies pouvait entrainer une forme de déshumanisation de l’individu… Cela donne donc, pour moi, malheureusement, un caractère anticipatif à l’univers que le réalisateur a créé pour Her. (ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe plus complètement de relations traditionnelles entre individus, le réalisateur nous le montre tout de même à plusieurs reprises).

Et enfin l’autre grand attrait du film est bien entendu, l’histoire d’amour qui se construit entre Théodore et son système d’exploitation, Samantha, qui est plutôt bien trouvée, et amène à se poser de nombreuses questions à ce propos, Qui l’amour concerne-t-elle ? Est-ce une prérogative de l’Homme ? Où s’arrête-t-elle ? Doit-on se ressembler pour s’aimer ? De même que leur relation amoureuse et « charnelle » est-elle vraie ou imaginaire ? Peut-on aimer sans contact physique ? Bon, et ce qu’il y a de bien est que le film nous amène à nous poser des dizaines de questions du genre, pendant, et après le film, quant aux réponses, libre à vous de tirer les vôtres. Ce que j’ai trouvé drôle, dans cette société en partie « déshumanisée » est qu’un amour « déviant » comme celui de Théodore et son OS est mieux accepté dans leur société que certaines relations amoureuses qui « sortent de l’ordinaire » dans notre société, alors, la société futuriste, plus tolérante ?

Pour continuer sur les points positifs, je dois dire que le film m’a permis d’apprécier encore une fois, l’acteur qu’est Joaquin Phoenix, qui soit dit en passant s’est fait voler son Oscar l’année dernière, qui est parfait dans ce rôle de type un peu désabusé, qui parait associable sur les bords, en déprime, en gros, une bien belle prestation, et pourquoi n’a-t-il même pas été nominé aux Oscars ? Et bien entendu on se doit d’évoquer le personnage de Samantha, incarné par Scarlett Johansson, qui bien que ne peut pas présenter son physique avantageux, possède une voix qui disons le, ne laisse pas indifférent et est assez sensuelle. Pour le reste je n’ai pas retenu de seconds rôles notables, on voit peu d’autres personnages, pendant une durée assez courte, et aucun ne marque véritablement le film de sa présence.

Et enfin, un petit mot rapide sur la réalisation sonore, et notamment les musiques, que j’ai trouvé bien adaptée à l’ambiance du film, et c’est je crois le groupe Arcade Fire qui s’est chargé de ce domaine, que je ne connaissais pas du tout, preuve de ma grande culture musicale, mais qui grâce au film, m’a donné envie de découvrir.


Après de telles louanges on se dit que je trouve ce film vraiment merveilleux, génialissime, extraordinaire, mais en fait j’ai bel et bien des reproches à lui faire, petits ou gros d’ailleurs, qui plombes un peu ma vision du film.
Le principal problème est que le film ne m’a véritablement jamais surpris, en fait, j’ai vu ce que je pensais voir…
Cela sans doute par les thématiques abordées, qui sont certes intéressantes, mais qui ne sont pas forcément nouvelles dans l’univers de la Science-Fiction. Certes les relations entre une IA et un humain et peut être une première (je ne sais pas), mais des histoires de ce genre entre une création de l’homme et son créateur n’est pas foncièrement nouvelle (Real Humans ?). Et de même, l’espèce de prise de conscience d’une création humaine, entre questionnement et recherche de sa propre identité ne me semble pas vraiment novatrice. De plus, concernant plus simplement le développement de la romance entre Samantha et Théodore, j’ai trouvé qu’elle trainait un peu trop en longueur, et malheureusement qu’on devine en grande partie l’arc narratif global (on se doute par exemple qu’après des moments de bonheur va survenir une chute pour mettre à mal leur « amour »), et notamment la fin qui est pour moi ratée et trop attendue.
Pour continuer sur les reproches que je peux faire au film, je peux parler de la réalisation, qui techniquement, ne m’a pas paru très grandiose, je dois vous avouer que je n’ai rien retenue de ce domaine en terme de technique pure, m’enfin bon, avoir créé un univers plaisant comme celui du film est déjà pas mal, donc je suis un peu méchant là…

Et enfin, et enfin, la chose qui ne m’a pas permis d’aimer plus que cela le film, ça vient peut-être de moi, mais je n’ai pas été emporté par ce que j’avais sous les yeux, les émotions, sauf à quelques instants ne sont pas vraiment passées en moi. Je suis la plupart du temps resté de marbre.
Du coup, comme pour beaucoup d’œuvres, on trouve le film bon, mais un petit quelque chose nous empêche de se sentier pleinement concerné et happé par ce qu’il se passe à l’écran. Un manque de magie peut être ?

Her n’en reste pas moins une œuvre sympathique, pas si innovante que cela, mais qui nous amène à nous interroger sur de nombreux sujets et permet une multitude d’interprétations, et ça, c’est déjà pas si mal. Un des films potables de l'année.

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