Poudlard fume, le film est cuit.

Harry, c'est depuis mes huit ans et demi que je suis toutes tes aventures. C'est un peu avec toi que j'ai appris à lire. Je vais te dire Harry, je crois même que j'ai secrètement espéré qu'un jour j'allais recevoir une lettre écrite à l'encre verte, une lettre qui serait ma porte d'entrée à Poudlard.

Je rêvais de devenir, comme toi, un sorcier.

Puis j'ai vu tes films, au cinéma. Je m'en souviens Harry, la première fois c'était dans une salle à l'Agora d'Evry. Émerveillé, que j'étais. C'était tout comme je l'imaginais, ou presque.

Et puis, j'ai grandi. Tes aventures, écrites ou filmées, ont continué à paraître. Quand j'ai eu quinze ans, j'ai acheté le dernier tome de froma...pardon. Mille excuses. Ahem...ah, oui : à mes quinze ans, j'ai acheté le dernier tome qui clôturait l'histoire. Le jour de sa sortie française. Pour moi, c'est une chapitre de ma vie qui s'est refermé lorsque j'ai lu le dernier mot de la dernière phrase. Point final, bye Harry. Heureusement, il restait les films, pour se rappeler...

Enfin, presque. Le dernier film, j'avais dix-neuf ans à sa sortie. Dix ans après mon immersion dans ton univers, c'est moins par réel enthousiasme que par devoir envers mon moi passé que j'ai franchi la porte du cinéma. Harry, pourquoi as-tu choisi d'être filmé en 3D? Ne pouvais-tu pas prévoir que ce jour là, mes lunettes n'allaient pas fonctionner? Tant pis. Au générique, le voile s'abat pour de bon cette fois. Adieu, Harry.

Mais avant de partir, je vais te dire quelque chose. Le fond de ma pensée sur ton dernier acte. Approche, Harry.

Pourquoi est-ce qu'il fait toujours noir, chez toi? Je sais bien que c'est l'Angleterre, mais voilà, il n'y a pas que le ciel. Les maisons sont sombres, les méchants s'habillent d'un noir caricatural, les gentils d'un noir de deuil. Même Crabbe est devenu noir, Harry, tu te rends compte? Je sais bien que c'est la guerre, que les gens sont tristes, et que Voldemort est pas sympa, mais quand même, dans ton film, tu aurais pu faire l'effort de nous donner une ambiance un peu moins lourde, Harry, tu me comprends, hein?

Bon et qu'est-ce que que c'est que cette bataille que tu nous montres là, tu crois que ça ressemble à quelque chose? Tu veux que je croie à tout ça, moi? Ecoute Harry, je n'ai plus neuf ans, il va falloir que tu t'ancres ça dans la tête. Tu vois ton film, là? Regarde bien. J'appelle ça un cliché permanent de deux heures. Là, tu les vois, les deux loustiques qui s'embrassent comme ça, l'air de rien, alors que c'est la merde autour? Tu trouves ça normal peut être? Tu les vois, les élèves de Serpentard, au fond, ceux que tout le monde range parmi les méchants, alors qu'ils n'ont rien demandé à personne? Tu crois vraiment qu'un quart de la population mondiale est pour la mise en place d'une dictature visant à opprimer tout le monde, mettant en place un hiver permanent, dans le seul but de faire le mal car après tout ça n'a jamais tué personne?

Et Harry, tu l'as vue ton armée de Mangemorts? Tu les vois là, tes acolytes de Voldy, courir en gueulant et en tirant des tronches pas possibles? Pourquoi il leur manque à tous des dents à tes méchants? Pourquoi ont-ils tous les cheveux longs, noirs et gras? Pourquoi cet air si débile sur leurs visages. Pourquoi, pourquoi?

Et ce duel final, Harry, tu aurais pu faire un effort... franchement, qu'est-ce que vous aviez, toi et Voldy, à faire les zouaves dans les airs, à jouer à l'alpha-zoulou devant le public? Vous n'auriez-pas pu vous en tenir à ce fichu bouquin? Et pourquoi les méchants qui meurent ne laissent pas de cadavres? C'est quoi ça, ces fichus corps qui s'envolent en poussière? Non Harry, c'est n'importe quoi maintenant.

Je ne te raconte même pas ce que j'ai pensé de la toute dernière scène, Harry, celle qui se déroule dix-neuf ans plus tard. On dit que le ridicule ne tue pas, Harry, mais tu devrais tout de même faire attention.

Cette fois il va falloir sévir, Harry, ça me fait de la peine de te le dire, mais je pense que pour un ultime adieu, tu t'es un peu planté, je ne pourrais pas être indulgent avec toi comme les autres fois...Hé!

Hé, qu'est-ce que tu fais avec ta baguette, Harry? Hé c'est interdit ça! C'est moi qui note, je ne vais pas mettre la moyenne et puis c'est tout! ...Hey, non, ne change... arrête!...

Oh, puis merde. Tu as gagné.