Faites connaissance avec un binoclard adepte de la baguette qui crépite.

Véritable phénomène littéraire dont le principal exploit aura été de donner envie à de nombreux marmots d'ouvrir un livre au lieu de se décrotter le nez (quoique l'on puisse faire aisément les deux), Harry Potter se devait forcément d'avoir ses aventures sur grand écran. Après un projet avorté sous la direction de Steven Spielberg (qui voulait à tout prix Haley Joel Osment dans le rôle titre) et une valse incessante de réalisateurs, c'est finalement le fadasse Chris Columbus qui héritera du bébé, le temps de deux longs-métrages.


Relativement fidèle au bouquin de J.K. Rowling, ce premier film de la saga se contente majoritairement de reprendre les passages clés de l'intrigue originelle, sans comprendre tout à fait que le charme du manuscrit provenait justement de petits détails en apparence anodins. Si la version longue permet d'aérer davantage le récit, beaucoup de scènes et de personnages du livre perdent de leur substance à force de vouloir aller droit à l'essentiel.


C'est un peu la même chose en ce qui concerne la mise en scène de Chris Columbus. Académique et plutôt efficace, elle manque néanmoins de panache et de personnalité, à l'image d'une direction artistique bien trop sage et passe-partout, dénuée de la moindre vision. Si les décors, maquillages et costumes restent potables, les effets spéciaux accusent malheureusement le poids des années, en premier lieu les atroces incrustations numériques.


Composé uniquement de comédiens britanniques, le casting est cependant renversant, mélangeant débutants et stars de la scène et de l'écran. Si le jeu des gamins est plus ou moins catastrophique (sauf peut-être Rupert Grint, pas trop mal), les acteurs confirmés sont absolument superbes, mention toute particulière à un Alan Rickman onctueusement détestable.


Bien trop lisse et mécanique, cette première aventure cinématographique du petit sorcier est pourtant loin d'être un échec. Etrangement, malgré ses immenses défauts, il émane d'elle un certain charme, une magie bien présente qui la rendent attachante. Est-ce la sublime partition de John Williams, l'univers immédiatement fascinant, les personnages attachants malgré le manichéisme ambiant, allez savoir. Une chose est sûre et c'est le principal atout de la saga, c'est que nous aurons vu tout ce petit monde grandir au fil des aventures (et les plus jeunes auront même grandit avec eux), chose bien trop rare pour bouder son plaisir.

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le 26 juin 2015

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Gand-Alf

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