Neil Labute, après un petit détour par la série B avec son remake Z de "Wicker Man", revient à ses premiers amours, c'est-à-dire une histoire centrée avant tout sur le relationnel, les dialogues.

Et même s'il n'est pas l'auteur original de ce scénario, il se l'approprie bien et se montre généreux. Le film traite de racisme, il est vrai, mais ce serait réducteur de ne le résumer qu'à ça. En effet, les personnages sont si creusés, et le cas tellement individualisé qu'on aurait pu n'avoir qu'une seule ethnie, je ne pense pas que ça aurait changé quelque chose aux évènements. C'est sans doute ce qui est fort avec ce scénario, on traite plus de la volonté de détruire l'autre que vraiment du racisme ; le racisme n'est en fait qu'un prétexte pour ce faire. Autre intérêt, la façon dont les personnages vont s'en faire baver l'un l'autre : l'enfer, c'est les autres, Neil démontre très bien cette expression. Les situations sont sadiques. Je regrette d'ailleurs que sur la fin les auteurs aient craqué et opté pour un règlement de compte plus physique. Notons également les références au film "Do the right thing" dans la façon de dresser un parallèle entre la rage sociale et la chaleur envahissante.

Si "Wicker man" a été très mal reçu, Neil s'est tout de même fait les armes sur ce film. Car clairement sa mise en scène n'a plus rien à voir avec celle de ses premiers films. Une image moins auteurisante, plus classique, une photographie plus léchée aussi. Et enfin un découpage sobre efficace tant dans les dialoques que dans les scènes d'action. Les acteurs font un très bon boulot aussi. J'aurais peut-être préféré que Neil fasse appel à son vieux copain Aaron Eckhart, mais ce sera peut-être pour un prochain film ?

Bref, "Lakeview Terrace" devrait plaire aux fans de la première heure du réalisateur, même si la fin trahit la volonté de se tourner vers un cinéma hollywoodien plus vendeur. Je vois que le bougre a réalisé un film passé inaperçu, "Some velvet morning", dont le pitch rappelle les premiers films de Neil ; après ça je vois qu'il a deux longs métrages en production, dont un avec Matthew Broderick, l'autre avec Ethan Hawke (possible changement). Faudra que je choppe tout ça !
Fatpooper
8
Écrit par

Créée

le 4 juin 2014

Critique lue 891 fois

4 j'aime

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 891 fois

4

D'autres avis sur Harcelés

Harcelés
Fatpooper
8

Good cop, bad neighbor

Neil Labute, après un petit détour par la série B avec son remake Z de "Wicker Man", revient à ses premiers amours, c'est-à-dire une histoire centrée avant tout sur le relationnel, les dialogues. Et...

le 4 juin 2014

4 j'aime

Harcelés
Caine78
6

Policier... et malveillant

Après le désastre, notamment économique, de "The Wicker Man", Neil LaBute revient plus inspiré et (un peu) plus subtil. Le speech a de quoi intriguer et attirer, la question du racisme anti-blanc...

le 25 mars 2018

3 j'aime

Harcelés
Kelemvor
5

Black is black

Le racisme est un sujet délicat. Sujet de discussion difficile à mener sans pour autant être tabou, il est avant tout source de heurts et de conflits moraux, un reflet de la divergence...

le 1 avr. 2013

3 j'aime

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55