Le half nelson est une prise de lutte qui immobilise l'adversaire sans que celui-ci ne puisse se dégager, et l'on sent bien toute la métaphore de l'envie de se débattre dans une situation impossible (ou plutôt qui nous semble impossible). Nous suivons donc deux personnages en lutte avec leur milieu (la jeune fille qui deale car "elle n'a pas le choix", tel un triste aveu d'une société malade qui impose des clichés en fonction des couleurs de peau ou des quartiers dans lesquels on vit) ou avec eux-même (le professeur toxicomane qui ne parvient pas à arrêter). On pressent que les deux univers vont s'entrechoquer pour en tirer le meilleur, et l'on attendait beaucoup d'un si beau scénario, qui finalement nous déçoit un peu sur son contenu réel. En effet, nous n'avons pas vraiment d'évolution des personnages (lui reste seul et accroc à tout ce qui passe sous son nez, et elle continue de fréquenter des dealers), sauf à la toute fin, in extremis dans une scène de
collaboration sincère
entre le professeur et la fillette, une scène dont on ne comprend pas le placement à la fin du film. Il aurait été vraiment plus intéressant de mettre cette scène au démarrage et de suivre l'évolution qui en découle, pour exploiter tout le (grand) potentiel de ce scénario. Mais en attendant cette belle scène finale, on aura plutôt affaires à un jeu d'acteurs peu convaincant (critique générale du casting qui semble en petite forme), un rythme mou et des dialogues bavards, le personnage de la fillette qui est antipathique lorsqu'elle refuse l'aide durant tout le film et cette impression de ne pas avancer dans l'évolution des personnages (ce que l'inversement de la dernière scène comme base de début aurait pallié). Half Nelson avait un énorme potentiel avec un tel scénario et un beau casting, dont on se satisfait in extremis.