Mon premier Bill Plympton. Une variation autour d'American Graffiti, La fureur de vivre, bref les fifties et le college américain.

Un couple de teenagers qui doivent aller à la fête de fin d'année (prom) s'engueule dans un restau routier et écrase deux mouches en train de copuler. Le patron décide de leur raconter une histoire.

Cherri est première pom-pom girl, et Rod, le quarterback, est son prince. Tous deux sont très populaires. Arrive Spud, qui érafle la caisse chérie de Rod. Ce dernier en fait son souffre-douleur et l'eslave de Cherri. Mais celle-ci finit par avoir le coup de foudre. Poursuivis par Rod, ils tombent dans le lac et se noient, le soir de la Prom. Mais l'année suivante, leurs squelettes viennent réclamer leur titre de roi et reine de la soirée. Ils s'embrassent et redeviennent humains. L'histoire du patron du dinner prouve que l'amour est un acte de création plus fort que la mort.

Ce résumé simpliste ne vous donnera absolument aucune idée de ce qu'est ce film.

D'abord parce que je n'ai pas parlé de tous les personnages secondaires savoureux : Darlene, la rivale de Cherri, avec sa robe fourreau rouge ; les deux sous-fifres : le simplet sadique couvert d'acné et le mec silencieux au cure-dent amoureux de sa moto. Le prof de biologie qui fume tout le temps et crache ses organes vitaux. Le patron du dinner, le commentateur sportif.

Ensuite parce que ce film est une création constante et ininterrompue sur le thème donné. Avec des clins d'oeil à E.T., mais surtout à la Fureur de Vivre : je pense notamment à la "chicken race" et ses magnifiques effets montrant un défilé de bagnoles dont le faisceau de phare crée des lignes géométriques. On a aussi les passages obligés : le match de football américain ; la scène où les mecs mesurent leur virilité (enfin, ici, plutôt la taille de leur brushing) ; la scène de poursuite en voiture ; le bal de fin d'année ; le méchant démasqué à la fin...

Alors c'est pour adultes, au sens où vous verrez un ongle retourné, des vers remontant le corps d'une adolescente (séquence assez gratuite), et un mec déguisé en poulet en train de bourrer un panneau d'affichage des scores. Et aussi des adolescents distordre complètement leurs visages quand le prof a le dos tourné.

C'est foutraque, même si la composition est irréprochable, il y a des idées que Plympton fait rentrer "comme ça", et ça passe.

C'est poétique, à sa manière bizarre. Genre les scènes de baiser, où les deux amants se déversent des arc en ciel dans la gueule, ou des confettis tombent spontanément autour d'eux.

C'est... pas trop scatologique (même si les ice-cream que propose le patron du dinner font penser à des étrons rose bonbon). Par contre, au niveau des sous-entendus sexuels (parfois même pas sous-entendus), ça y va fort. Beaucoup, beaucoup de formes phalliques. Quasiment que ça.

La musique colle parfaitement à l'animation, qui est saccadée, mais a priori si vous venez voir un Plympton, vous savez à quoi vous attendre. J'ai aussi bien aimé le générique de fin avec les personnages, et à côté la photo de leur doubleur.

C'est vraiment chouette. C'est pas aussi subversif que ça pourrait l'être, mais c'est déjà fichtrement créatif, et déjà ça, c'est bien.
zardoz6704
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Une petite ville bien tranquille des Etats-Unis et Mais que de phallus !

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le 23 févr. 2014

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zardoz6704

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