Une vacance romaine, en quelque sorte.

Il fallait une grande délicatesse dans le traitement de cette histoire pour que le film ne tourne pas à la farce loufoque et ne devienne pas, du coup, une chose inoffensive. Et c'est bien une des caractéristiques de cette œuvre de Moretti que de constamment surfer à la lisière des choses. Il y a des fois où un tel positionnement montre l'indécision de l'auteur, ou au moins son manque de lucidité. D'autre fois, comme ici, cela est plutôt synonyme de finesse, de réflexion légère et de comédie quasi-onirique.

La sortie du film avait offert la réponse à une grande inquiétude issue des milieux chrétiens: non, Habemus Papam n'est pas un brûlot anti-clérical. En tout cas, le propos est loin d'être frontal. Et c'est ce qui, en moi, provoque une certaine jubilation. Le trait satirique est sous-jacent, jamais explicite, toujours présent. Les doutes, terriblement humains, qui terrassent le pape appelé araignée, pardon, à régner, sont d'une nature absolument non divine. Le poids qui écrase le pauvre Melville (Piccoli extraordinaire, on l'a partout dit) est existentiel : si les forces qui l'ont désigné à un tel poste sont forcément d'essence divine, pourquoi se sent-il si incapable ?
De fait, tous les protagonistes sont passés à cette douce moulinette : les archevêques, à peine plus mûrs qu'un groupe de garnements d'une cour de récréation d'un collège d'un autre temps (remarquez, il s'agit bien d'un collège ici aussi), un psychanalyste qui ne sera jamais aussi compétent que dans l'organisation du tournoi de volley et des fidèles béats incapable de voir la grâce autour d'eux.

Finalement, mon seul reproche concerne l'assemblée des plus hauts représentants du catholicisme. Si plaisante que soit la vision de ces archevêques dépeints comme doux agneaux de Dieu, gentils et inoffensifs (entre eux pas de jalousie, aucune manœuvre politique, pas d'ambitions pour la majorité d'entre eux qui ne souhaitent pas se voir élu à la plus haute fonction), cela reflète assez mal, j'imagine, la dose de politique et de machiavélisme indispensable à l'accession à de telles fonctions. Enfin, je dis ça, moi, je ne suis ni souverain ni pontife.

Allez, une charade pour la route (à tiroir, qui plus-est) parce qu'elle dans l'esprit.

- Mon premier renie sa nationalité
- Mon second a des problèmes parce que quand il va aux toilettes, il lui sort des petits bouts de bois par les deux orifices.
- Mon tout est une marque de piano.

La marque, c'est Erard
Mon premier, c'est ER, parce que « Er nie être anglais »
Mon second c'est « ARD » parce que « Ard chie et pisse copeaux ».

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le 20 févr. 2012

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guyness

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