Au chômage technique, Tony accepte de jouer les chauffeurs du Dr. Don Shirley, pianiste renommé, le temps d’une tournée qui les entraînera dans le Sud profond des États-Unis.
Mr. Shirley et son chauffeur. Il a l’éloquence, les manières, la culture et le portefeuille. Devant lui, les mains sur le volant, un prolétaire mal dégrossi, usant de ses poings pour les mettre sur les i, mais dissimulant sous sa graisse, une douce bonhomie. L’un est noir, l’autre blanc. Une inversion des rôles qui déplaît à cette Amérique ségrégationniste et humiliante des années soixante, dans laquelle un guide du routard destiné aux personnes de couleur – le « livre vert » du titre – demeure utile pour éviter de finir en cellule ou la gueule dans le caniveau.
La route est droite et pavée de bonnes intentions. Entre légèreté et gravité, le rapprochement est attendu, chaque antagoniste ayant à apprendre l’un de l’autre. Shirley sera Cyrano, inculquant la dignité plutôt que la violence, et élevant les lettres de Tony à sa femme, vers des cieux romantiques. En contrepartie, l’Italien lui permettra de découvrir le poulet frit, de même que le génie nécessite du courage pour faire un pas. Des duettistes au sommet – Viggo Mortenen et Mahershala Ali – dans une belle histoire aux senteurs de Noël, touchante et vraie, qui plus est.
7/10
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