*SPOILERS*
Avec l'ambition d'un film se déroulant dans l'espace auréolé d'une crédibilité soutenue par des spécialistes et de critiques positives, voir dithyrambiques, de la part des premiers spectateurs, Gravity a placé la barre plutôt haut en terme d'attente. Avec le risque de décevoir... ou juste de contenter.
Tout commence bien. L'introduction est magnifique, procure des sensations que seul le cinéma peut offrir, avec une impression visuelle de profondeur, un vertige engendré par les mouvements de caméra et l'habile retranscription de l'apesanteur, avec des cosmonautes "baladés" comme des pantins, aussi légers que des ballons gonflés à l'hélium.
Jusqu'à ce que Sandra Bullock se retrouve seule, le film est au sommet de son art et imprègne le spectateur de l'émotion que l'on pourrait ressentir dans ce genre de situation.
Le film avance et l'on commence quand même à rouspéter ; la 3D apporte une profondeur bienvenue mais il n'y a aucun effet sortant, et l'on se dit qu'il n'y avait pas plus belle occasion pourtant de la mettre en avant. Quel gâchis ! Nul doute que Gravity aurait pu être un vitrine pour la vrai 3D, celle qui nous fait croire à la magie, pas celle au rabais que l'on nous sert à toutes les sauces, solution de facilité permettant de nous grappiller sans scrupules quelques euros de plus. Las, après tout peu importe si le film est bon...
On observe alors le contenu du film, on rechigne à s'identifier ou tout du moins se montrer empathique envers le personnage incarnée par la comédienne, la faute à une interprétation correcte mais sans génie, mais surtout à un message trop explicite, trop rabâché (cela revient dans quasiment toutes les critiques) autour de la nativité, de la perte de sa fille. De ce point de vue là Gravity échoue un tant soit peu, non pas qu'il soit insupportable ou même mauvais, mais il n'arrive pas à proposer quelque chose de réellement intense, prenant voir original.
Et puis il faut avouer que le rythme du film y est aussi pour beaucoup. En allant au cinéma je m'attendais à voir un spectacle visuel et sonore souligné par un aspect contemplatif, posé, presque poétique (oui ce terme si souvent employé qu'il en de vient galvaudé mais tant pis on le ressert quand même). Ce n'est pas le cas une grande partie du film puisque les péripéties s'enchaînent rapidement, sans laisser guère de temps au réalisateur d'approfondir plus à même son personnage voir son intrigue (ou son message), de développer plus de thèmes autour de la solitude, des regrets... pourquoi pas de la philosophie ou de la religion ? On peut développer des idées dans un film de ce genre, à moins que la production ait voulu en rester à un film divertissant et impressionnant pour glaner le plus d'entrées en salle.
Mais tout finit bien. Échouée sur une plage, l'héroïne respire, tâte le sable comme un enfant qui découvre la plage pour la première fois, et le réalisateur nous gratifie d'un plan qui se hisse à nouveau au sommet de son art. Là on retrouve l'excellence de Gravity, on est à nouveau happé et personnifié à l'écran. Pas de bla-bla post catastrophe, de réjouissance autour de dizaines d'employés de la NASA ou d'appel radio ponctué d'une blague mal à propos ; non juste un plan efficace sur un corps soulagé de redécouvrir sa terre d'origine.
Au final non Gravity ne déçoit pas mais ne comble pas toutes les attentes non plus, la faute à des problèmes de rythme évident, à un manque d'ambition dans son propos et à un casting sérieux mais pas bouleversant non plus.
Ce qu'il en reste n'est toutefois pas négligeable, avec un réalisation toujours excellent voir parfois divine, des séquences d'introduction et de fin parfaites et un ensemble jamais ennuyeux.
Un divertissement de qualité qui se savoure dans le confort d'une salle de cinéma, entre vertige et volupté.