
Oui, Gravity est visuellement une monumentale claque, un fulguropoing asséné avec brio. Si le 2001 l'Odyssée de l'espace de Kubrick était parvenu à donner à l'espace infini un cachet de gravité artistique hypnotique, Alfonso Cuarón lui confère une atmosphère aussi majestueuse qu'oppressante. Narré via une frise de longs plans séquences (j'ai bien dit LONGS) alternant les approches et perspectives - longs zooms aussi lents que splendides, points de vue à la première personne prenants, vrilles flippantes, etc - Gravity se déguste les rétines grandes ouvertes, subjuguées, avides de toujours plus se noyer dans cet infini sans échappatoire...
Ensuite, forcément, le scénario expose son flanc à la critique facile. Non pas qu'il soit mauvais en tant que tel. On peut déjà lui reconnaître une approche réaliste convaincante, renforçant l'implication du spectateur. Son rythme est également très bon, sans temps mort tout en aménageant des respirations projetant des paysages spatiaux à couper le souffle avec la Terre en arrière plan, comme vous le n'avez jamais vu... Reste les personnages, enfin le personnage de Sandra Bullock, affublé d'un trauma simple qui vire au simpliste, faisant débouler avec des sabots gargantuesque un métaphore filée de renaissance balourde. Avortera, avortera pas ? Tel est le suspens distillé, alors qu'avec un fil scénaristique identique, une histoire de pure survie aurait rendu le tout plus nerveux et convaincant.
Si ce point m'a plus que chagriné au fur et à mesure que les éléments mis bout à bout rendaient le thème indigeste et le personnage de de Bullock de plus en plus insupportable, Gravity reste un film à voir absolument en salle de cinéma pour sa performance visuelle époustouflante et sa réalisation démente. En voilà un budget d'effets spéciaux (aussi omniprésents qu'invisibles), bien dépensés et surtout bien employés.