Une heure et demi, 130 soupirs et un mal de crâne plus tard

C'est le titre que je voulais donner à ma critique de Gravity. Parce que oui, j'avais prévu de ne pas aimer Gravity. Un peu parce qu'on me l'a survendu et surtout par anticonformisme primaire. Mais le fait est que j'ai eu beau chercher des raisons de détester ce film, je n'en ai pas trouvé, en tout cas aucune qui ne soit compensée par ses autres qualités.

Dans sa première partie, Gravity est un film qui prend sont temps et c'est, je crois, ce que j'ai le plus apprécié. Les moments de dialogues vides d’intérêt entre Matt et Ryan, l'ironie jaune de Clooney, tous les instants où l'histoire s'arrête et l'intensité dramatique s'éloigne permettent d'apprécier pleinement le calme et le silence de l'espace.

Contrairement à ce qu'on peut lire ici et là, je n'ai pas vu de faiblesse scénaristique. Certes le scénario tient sur un post-it mais ce n'est pas une faiblesse en soi puisqu'il est appuyé par une mise en scène simple et efficace (entendez par là que le film n'a pas à en faire des tonnes et que les effets spéciaux n'ont pas à nous envoyer des paillettes dans les yeux pour qu'on y croit).

Même la 3D est supportable et, preuve en est, on l'oublie complètement au bout d'un moment. Pas d'effets montagne russe idiots ni d'effets m'as-tu-vu bien sentis. J'avoue même avoir esquivé par réflexe les bouts de carlingue que les vaisseaux spatiaux m'envoyaient à la figure. Et pourtant j'avais toujours vu la 3D comme un gadget servant à faire vendre les places de cinéma un euro plus cher. Mais ça c'était avant Gravity...

Enfin je pardonne même aux passages un peu pathético-lourdingues où l'héroïne dialogue toute seule, nous ennuie avec sa fille ou disserte sur sa propre mort, au sacrifice clichesque, à la musique blockbusterienne, aux violons, à la scène de l'aboiement-radio, aux symboles (très) appuyés et à ce dernier plan affreux. Ouf il était temps que ça s’arrête...

Gravity c'est peut-être ce qu'on peut faire de mieux sans scénario et avec un cahier des charges de blockbuster. Pour autant est-ce que ça en fait du grand cinéma, je ne sais pas (est-ce même du cinéma ?). Une heure après et l'effet immersif terminé je crois qu'il ne m'en reste pas grand chose. Ce sera donc 8 au lieu de 9.

Beaucoup de mots, finalement, pour raconter ce que le (très) grand ewnR1 a résumé en une phrase, sur le chemin du retour : "au fond, tout le message du film c'est que les produits chinois sont de bonne qualité".
Factory
8
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le 3 nov. 2013

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le 3 nov. 2013

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