Si ce que tu as à dire n'est pas plus important que le silence.. Alors tais-toi !

Depuis sa sortie, et ce même avant d’ailleurs, Gravity jouit d'une réputation plus qu'excellente. En effet, cela faisait de nombreuses années qu'un film n'avait pas autant cartonné chez nos amis les professionnels, mais aussi du côté des spectateurs. Alors forcément, quand on sait que Cuaron n'est autre que le réalisateur du très estimé - et réussi - Les Fils de l'Homme, on ne peut qu'y croire. En tout cas, j'étais ultra-confiant, même si autant de tapage ne rappelle pas toujours de bons souvenirs (l'exemple du dernier Tarantino, pour prendre un exemple récent) .

Toujours est-il que ça commençait bien. Très bien même. Inutile de vous rappeler que le film s'ouvre sur un prodigieux plan-séquence d'un bon quart d'heure, tout le monde le sait déjà. En tant que fan absolu d'un certain cinéaste répondant au nom de Brian, vous imaginez bien qu'il n'en faut point plus pour me rendre heureux. En fait, si. Mais j'y reviendrais.
Pendant cette ouverture, on nous présente les deux et uniques personnages que nous allons devoir côtoyer durant cette petite heure et demie. Il y a Kowalski, interprété par George - Nexpresso - Clooney, le commandant de la mission, sorte de mec ultra cool, ultra détendu, charmeur et toujours prêt à sortir une petite blague pour détendre l'atmosphère. En gros, le rôle parfaitement sur-mesure pour un Clooney, qui n'a donc pas eu à forcer son niveau de jeu. L'autre personnage, celui qu'on va se taper 99% du film, c'est le Dr Ryan Stone, interprété par la sympathique Sandra Bullock. Comme je l'ai dit, Bullock est une actrice sympathique, mais contrairement à ce que tous les gens diront autour de vous, elle n'est certes pas mauvaise ici, mais c'est pas non plus Meryl Streep hein. Ce qui peut donc poser problème sur la durée. M'enfin, je parlerai des défauts plus tard.
Durant cette longue introduction, outre le brio de la mise en scène, le perso' de Clooney caricatural et une Bullock qui fait ce qu'elle peut, on remarque surtout une chose: et bien ouais, c'est magnifique! L'immersion est totalement réussie, nous sommes dans l'espace avec eux. En plus, la musique n'est jamais étouffante, et on stress comme des porcs quand on voit la vague de débris arrivé sur eux. Ensuite, Stone est injecté dans l'espace, dans le vide, dans le noir.. Et ouais, on stress à mort. Ajouté à cela, que la belle n'a bientôt plus d'oxygène. Imaginez un peu ! Alors Kowalski se ramène, et la guide, tout en discutant de choses diverses et variées. Stone lui parle d’une petite fille perdue (processus d’identification au personnage principale enclenchée, attention !).

ALERTE ! !!
SPOILERS JUSQU’A LA FIN DE LA CRITIQUE !

En gros, le film est bon, très bon jusqu’à là. Environ une demie-heure en gros. Ensuite, Clooney s’en va sur une scène finalement assez froide, et là c’est dur. Dur, parce qu’on va se taper Sandra pendant une heure. Une longue heure.
Ce qu’il y a d’incroyable entre la première partie du film, et la suivante, c’est qu’elles sont radicalement opposées. La première, était d’une tension énorme, d’un réalisme, et d’un quasi-silence tout à fait admirable. Dans la suivante, si tension = évènements tous plus gros les uns des autres qui surviennent au fur et à mesure de l’intrigue, et totalement invraisemblables en plus de ça, alors oui on peut parler de tension énorme. Ajouté à cela, une musique toujours omniprésente, en plus d’être odieuse, et vous obtenez tous ce qu’il y a de plus indigeste dans le cinéma actuel. Bah ouais, le public actuel n’est composé que d’idiot, alors faudrait tout de même pas oublier de tout lui surligner : à ce titre, le morceau finale, sorte de titre héroïque que même Superman n’aurait pas renié, est vraiment mauvais.

Car comme je l’ai déjà dit, passé les trente premières minutes, Gravity ne fait que ressembler à tous ces blockbusters qui se suivent d’année en année : c’est incroyablement con.
- Le personnage de Clooney n’est donc que l’alter-ego de tous ces perso’ « comiques » que l’on retrouve dans pleins de films ricains, alors qu’on s’en passerait bien.
- on fait tout exploser parce que le public veut de l’action !
- on transforme donc un récit réaliste, en séries d’évènements tous plus grands, de manière à montrer, d’une manière plus ou moins distinguée, toutes les épreuves que va devoir affronter Stone durant sa fameuse Odyssée.
- On met de la musique partout ! Bah ouais, le public va s’endormir si c’est trop silencieux, vous comprenez (dans ce cas, fallait en mettre dès le début et assumer de faire un blockbuster – de plus - à la con ! ) (d'ailleurs, il y a de la musique dès le début du film, sauf qu'au départ elle se marie plutôt bien avec l'action. Elle est pas étouffante quoi).
- Mettre une 3D qui ne sert à rien. Enfin si, à faire rentrer du fric, bien évidemment. Parce que bon, elle n’est pas mauvaise, m’enfin, c’est du même niveau qu’Avatar quoi. Et j'en reviens toujours pas mais ils ont osé les larmes 3D. Les larmes 3d ! N'IMPORTE QUOI
- Bullock ne sera jamais une bonne actrice, réveillez-vous. Suffit de voir la scène du « woof-woof ». Je ne suis tout de même pas le seul à avoir rigolé devant « ça », pas vrai ?
- Toute la partie avec l'Extincteur. C'est censé être quoi? Passionnant? Plein de tension? Beau? Courageux? Ou crédible peut-être? Ce n'est rien de tout ça, laissez-moi rire.
- Le plan en contre-plongée sur Bullock qui se relève sur la plage. A VOMIR .
- Bon et puis pour ceux qui l'auraient oublié (sait-on jamais ! ), au générique introductif et final on a le droit à un gros "GRAVITY" avec une musique qui fait POINNNNNN ! C'est pas prétentieux du tout, j'aime bien.
- ET SURTOUT, et c’est le pire : essayer de donner un fond à un film qui n’en avait pas besoin. Pour exemple, le dernier Refn assumait de n’être pour ainsi dire qu’un film de mise en scène. Le fond n’était qu’accessoire si je puis dire. Dans Gravity, le cinéaste s’est senti obligé de nous poser un fond totalement surfait et insignifiant. Car là est bien l’évidence : Cuaron n’a de toute façon, pas grand-chose à dire.
Alors oui, je sais bien que la thématique sur la maternité revient durant toute la filmo du cinéaste.. Et alors ? C’est une raison pour enchaîner les éléments qui nous rappelle que oui, Stone a perdu sa fille (mais oui, c’est trop triste ! Comment ne pas avoir de compassion pour quelqu’un en deuil voyons?!). Du coup, on a le droit à une scène où Bullock, à l’intérieur de son Sas, se met en position « fœtale ». Plus tard, lorsqu’elle arrivera à joindre un chinois ( ?), celui-ci chantera une berceuse à.. Son bébé ! C’est trop mignon, et pas du tout surligné.
Ajouté à cela, une sorte de propos sur la religion, ou du moins la « croyance » de manière générale. Ainsi, au début du film, Stone semble être athée. Puis une fois dans la mouise, lorsqu’elle joint l’homme mentionné juste au-dessus dans ma critique, elle lui demande de prier pour elle. Quand je vous dis que la religion n’a été inventé que pour rassurer les hommes dans leurs moments de doutes..
Suite à cette soudaine illumination, Stone voit son ancien compagnion, notre cher Kowalski apparaître comme par enchantement (au passage, je souligne que si ça n’avait pas été une hallucination, cette scène serait la plus ridicule de l’année ! ) . Donc d’après mon raisonnement, Kowalski n’est autre qu’une apparition divine, qui lui demande de se battre pour sa fille. On avait pourtant compris depuis le temps.. Si tu as la foi, tu t’en sors, c’est simple !
Oh et puis le coup de l'eau "purificatrice", merci mais faudrait se renouveler un petit peu.

En gros, Gravity ne vaut que pour sa performance technique. Et encore, j’en doute de plus en plus. Alors OK, les effets spéciaux sont irréprochables, autant faire des plans-séquences de « ouf » autour d’un décor dont les seuls éléments réels sont les acteurs, me semble bien prétentieux et inutile. Surtout si c’est pour faire voyager la caméra dans des angles totalement inutiles, type l’intérieur du casque de Bullock, NON MERCI .

Gravity n’est donc pas un navet, mais représente tout ce que je déteste par-dessus tout dans le cinéma actuel. C’est malheureux de dire ça, mais je pense que c’est avant-tout un film qui plaira à ceux qui n’ont « rien » vu. Au public lambda qui ne va au cinéma qu’une fois de temps en temps pour voir le film dont tout le monde parle. Pour illustrer ma pensée, ceux qui n’ont vu aucun western et disent ne pas les aimer te diront avoir adoré Django Unchained. Ceux qui ne regardent jamais de muets ou de film de l’Age d’or Hollywoodien vont trouver The Artist génial. Et ceux qui ne connaissent rien à la science-fiction, te répondront Gravity (d’ailleurs, je ne vois pas en quoi c’est un film de science-fiction..). Je caricature, mais l’idée est belle et bien là. En témoigne tous les centaines de statuts déjà publiés sur le site, d’une grosse communauté de fanboys appelant à l’entrée du métrage dans le top 111. Votre vie ne dépend donc que de ça ?
Et je précise, pour les petits rageux, que je n’ai rien contre les films ultra-populaires. Je suis un fervent défenseur de Fight Club, ou de films récents que « tout le monde » encense comme Black Swan ou Mud, donc faudra taper d’ailleurs.

Gravity n’est qualitativement pas loin d’un certain Avatar. Et c’est pas un compliment.
Le_Prophète
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le 29 oct. 2013

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Le_Prophète

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