Clint Eastwood, plus il fait des films, plus je les aime. Ici, il joue également devant la caméra ce qui est toujours un plaisir. Je ne vais pas faire dans le détail, Eastwood incarne cette fois-ci un américain profond, vétéran de la guerre de Corée. C'est un raciste patenté aussi. Son quartier se délabre et il est de plus en plus envahi par les étrangers. Walt Kowalski ne sent plus chez lui.
A travers une histoire de racisme, Eastwood va nous offrir un film terriblement humain. Le réalisateur de Million Dollar Baby s'attaque à énormément de choses dans son dernier opus.
Premièrement, il y a l'homme face à sa famille. Ils ne se parlent jamais. Kowalski déteste ses petits-enfants (la jeune fille qui cherche à tout prix le profit et qui cherche à avoir la Gran Torino, superbe voiture de marque Ford datant des années 70 et qui va servir de fil conducteur au récit). Ses enfants lui parlent également pour le profit ou essaient de l'envoyer en maison de retraite. Bref, Kowalski et sa famille, ça n'a jamais été cela. Il essaiera bien à un moment donné de faire des efforts mais il constatera très rapidement que c'est inutile.
Ensuite, c'est un homme qui est en réelle quête de rédemption. D'une part, il va tenter de l'atteindre en renouant le contact avec les membres de sa famille. Cela va prendre énormément d'importance lors d'une confession qu'il va réaliser chez le prêtre parce que la femme de Kowalski a fait jurer au jeune homme d'église de voir son mari aller en confession. Mais c'est aussi une rédemption pour ses erreurs antérieures. Ses souvenirs de la guerre de Corée le hante éternellement, de jour comme de nuit, des actes qu'il a pu commettre.
Et comme troisième point, c'est bien une remise en question de ce qu'il croit et de ses idées par rapport aux étrangers. L'arrivée de la famille tout droit du Vietnam va profondément modifier sa vie. En outre, il va constater qu'il se sentira beaucoup plus proche de ces gens que ceux de se propre famille. Une chose qu'il regrettera d'abord avant d'assumer totalement. Il va développer une relation père-fils (ou presque) avec le fils de le famille voisine. Une réelle complicité va se lier entre eux. Mais il faudra aussi protéger le jeune membre des gangs locaux. Tâche difficile qui va presque se terminer en guerre sanglante, chose qu'Eastwood évitera de manière remarquable. Le film va se terminer d'une manière très humaine.
Ce qu'il y a de très intéressant, c'est que le thème du racisme est totalement désamorcé par le grotesque et le ridicule que Kowalski peut avoir avec ses attitudes de vieux ronchon mais aussi par l'humour qui ressort toujours du film.
Pour moi, il n'y a aucun doute, c'est encore un grand, très grand film du maître. Probablement le cinéaste américain le plus intéressant à l'heure actuelle.
batman1985
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le 6 mai 2011

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batman1985

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