Mer du Nord, au large des côtes anglaises. Années soixante. L'apogée du rock n'roll, l'ère des stations pirates. Carl s'en va apprendre la vie avec Quentin, flegmatique patron d'une station de radio déjantée.
Un prétexte pour nous, spectateurs, pour s’immiscer à bord et embarquer pour un été de deux heures, deux heures merveilleuses, entre classiques du rock et blagues gentiment douteuses. Des Turtles à The Who, en passant par David Bowie ou The Kinks, deux heures à ne pas tenir en place, deux heures à trépigner, à piaffer, les fesses comme des piles électriques. On a envie de rester là, sur ce vieux pont rouillé, les délicieux craquements d'un vinyle dans les oreilles, et vogue galère !


Oh, bien sûr, Good morning England n'est pas exempt de défauts. Quelques clichés ça et là, certaines caricatures qui auraient gagné à se faire plus subtiles. Quelques longueurs, un brin de langueur.
Bien sûr, le scénario n'a rien de vraiment ambitieux. Mais à quoi tient le pouvoir d'attraction, l'électricité communicative, l'énergie qui se dégage de ce film? A un enjeu politique, un bras de fer contre le gouvernement britannique? A un naufrage qui n'en est pas un - rock is not dead - un naufrage annoncé pour nous, qui de l'autre côté de l'écran savons que le temps a depuis longtemps grignoté les sixties?
Non, bien sûr que non. Ce qui nous happe, c'est cette joyeuse bande d'allumés. Solidement ancrés en mer, mais hors du temps, hors du monde. Leur vie s'écoule sur les ondes, représentation constante, mise en scène permanente qui pousse les egos à la déraison. Sublimes losers pathétiques, ils font vibrer les ondes, glissent le rock sous les couettes, au fond des baignoires, dans les rayons des épiceries, sur les pelouses bien tondues sous le soleil de l'après-midi ou au creux de la nuit. Car la musique est partout. Elle accompagne leur vie, celle des autres, les petits gestes du quotidien, elle accompagne les corps qui se trémoussent, elle rythme le film et nous emporte tout au long de cette odyssée immobile - immobile mais pas figée.
Good morning England est un mouvement, une marée qui twiste, une vague qui se déhanche, emportant tout sur son passage, et surtout nous.

Cocolicot
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le 26 mai 2016

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