Quand les apparences peuvent s’avérer trompeuses !

Avec des productions d’une intensité remarquable et dévoilant des sujets chocs comme Fight Club, The Social Network ou l’incontournable thriller Seven, le brillant cinéaste David Fincher s’est construit solidement une réputation mondiale pour son sens de la perfection et son indéniable technicité irréprochable. Avec Gone Girl, le metteur en scène exerce une nouvelle fois ses compétences artistiques en s’attaquant à un sujet sensible et aigre, celui des risques du mariage et de la manipulation éhontée des médias, en se basant sur un simple scénario de la disparition d’une femme et de la désignation facile du mari en tant que meurtrier. Sur une trame scénaristique anodine, David Fincher dresse le portrait d’une société portant des accusations uniquement sur les apparences physiques et la façon d’agir de telle personne.


Le cinéaste traite uniquement ce sujet en agrémentant sa production de scènes dévoilant tout sortes d’acharnement déclenché sans fondement comme la machination, la misogynie, le détournement d’information ou la perversion. Avec ses atouts indéniables et sa volonté certaine, le cinéaste pouvait largement sortir le même genre atmosphère que Seven pour donner à sa production un registre policier, surtout que celui-ci a collaboré avec la scénariste Gillian Flynn, écrivaine qui a écrit le roman dont le film s’en inspire. Étant donné que la production met bien en évidence l’image de salope qu’est la femme disparue et celle du malheureux mari cherchant à défendre son honneur viril, l’écrivaine ne semble pas avoir eu froid aux yeux pour casser une banalité quotidienne en écrivant un roman dont l’homme est comme une sorte d’anti-héros malmené et la femme comme une garce machiavélique.


D'habitude, les femmes cherchent à valoriser le féminisme et l’écrivaine fait plutôt l'inverse en développant une image de la femme peu flatteuse dans son roman, dont le réalisateur met bien l’accent sur ce point particulier dans son film. La combinaison entre un roman controversé et l’habileté professionnelle fait de cette production un véritable tout de force cinématographique, une imagerie fascinante dont on aimerait bien savoir où le réalisateur est prêt à y aller pour renforcer considérablement deux images quotidiennes contradictoires. Chaque scène est une illusion trompeuse et un tour de magie inattendu, chacune dégage beaucoup de mystère et est incluse dans une mise en scène adroite et sûre, où le cinéaste veut vraiment aller à fond de son sujet sordide.


Le cinéaste donne une description vivante de l’homme fortuné, aisé et beau gosse, le genre de mec qui vit sa vie comme un milliardaire, celui qui a les moyens de faire disparaître une femme sans que le monde se pose des questions, campé par un Ben Affleck assez convaincant. C’est un bon point mais tout l’honneur vient surtout à la superbe et sublime interprétation de Rosamund Pike, excellente dans son rôle de garce manipulatrice et crapuleuse. Plus on suit le film, plus on a l’impression que ça va exploser émotionnellement, entre la défense du mari dans ses mauvais jours et la vie secrète d'une garce s'évoluant dans la nature, on est facilement intrigué de voir où cela nous mène. C’est un visuel fort curieux, fort démonstratif, accentué sans arrêt par une ambiance sonore lourd et pensant, valorisé par une photographie d’une Amérique des temps modernes et dénonçant aisément une société ne jugeant les gens que par leur apparence. 8/10



On est ensemble, le reste n'est qu'une petite interférence.


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le 6 mai 2020

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LeTigre

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