Cadrages, débordements (de joie)

Sur la balance ou vous déposez ce que vous avez aimé (/adoré) et ce que vous avez regretté (/détesté) dans un film, parfois un plateau vous semble instinctivement bien plus lourd que l’autre. Et c’est bien le cas de ce dernier film de Fincher qui ne manque pas de déséquilibres, d’invraisemblances ou de moments superflus. Mais ce qui y est ici réussi est si jouissif qu’à l’heure du verdict, le reste est balayé d’un revers de clavier critique. Ce qui est raté ne compte peu, ou pas. On l’admet comme effet collatéral, quantité négligeable d’une colonne «pertes et profits» parfaitement déséquilibrée.


Car les qualités sont légions, et déjà parfaitement identifiées sur SC.
Sur l’aspect thriller-jeu
Sur la monétisation des sentiments
Sur la réversibilité des illusions
Sur la construction du scénario
pour ne citer que quelques-unes des critiques les plus brillantes publiées jusque là.


Tous ces thèmes ayant été brillamment exposés, je me contenterais d’appuyer sur un aspect essentiel et fondamental, que confirme définitivement ce film.
Il s’agit de l’absolue maitrise du réalisateur, qui atteint à ce point de sa carrière, une forme de plénitude qui le place aujourd’hui parmi les plus grands directeurs de son temps, dans la catégorie grand public.


Dès un générique, au rythme si particulier mais si esthétique, les bases d’une perfection stylistique sont posées, de la plus éclatante des manières. Chaque cadrage, chaque mouvement de caméra, la qualité de la photo, de l’illustration sonore (excellent travail de Trent Reznor, collant parfaitement au propos), la précision consommée du montage, constituent un ensemble imparable, une jubilation constante pour l’amateur plus ou moins éclairé de cinéma, conférant à Fincher le statut rare d’entertainer au sommet de son art. Nul doute que nombre de ses films seront considérés dans peu de temps comme des classiques des années 2000 et 2010, et il est encore moins douteux que Gone Girl fera figure d’emblème ostentatoire d’une certaine forme de paroxysme de sa maitrise formelle.


Il fait désormais partie de ces types capables de vous filmer une brosse à dent avec une telle maestria que vous auriez envie de repasser la scène pour en apprécier encore une fois l’art de la mise en scène. Quand en plus, il se décide à illustrer un scénario diabolique et en abyme, le résultat est absolument brillant, et en tout cas pleinement convainquant.


Et le spoil dans tout ça ? Oui, pardon, j’allais oublier. Le voici: https://www.youtube.com/watch?v=rr52gvGmv5g

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le 27 oct. 2014

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guyness

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