On cite souvent le Dr No, Opération Tonnerre, Goldeneye ou, depuis peu, Skyfall pour parler du meilleur film de la saga James Bond.
Et pourtant, Goldfinger, lui, reste l'indétrônable succès de la franchise; les autres, prédécesseurs comme continuateurs, lui devant tout.


En effet, peut-on imaginer James Bond sans Goldfinger?
C'est impossible!
En témoignent les nombreuses références dans les autres volets officiels comme officieux: Gemma Arterton peinte en pétrole dans Quantum of solace, les Bacchantes folles peintes en or du Casino Royale de Val Guest et John Huston!
En témoignent aussi les allusions en foule dans les publicités: les rocher d'or de Ferrero Rocher et les voitures à siège éjectable de Café Royal.
Cette dernière allusion n'est d'ailleurs pas réutilisée que dans la publicité.
Enfin, la reprise mot pour mot de la célèbre scène de torture du film dans un épisode du sixième Docteur who:


**



Goldfinger est partout!



**


Il semble d'ailleurs avoir été le patron de construction de Skyfall: Chansons proches, voitures et puces identiques, éloignement de l'organisation Quantum en écho à celle de l'organisation SPECTRE.


Cet impact, ce "spider's touch such a gold finger", Golfinger le doit avant tout au fantasque remplaçant de Terence Young, le sublissime Guy Hamilton.
Hamilton, c'est le Roi Midas: il transforme ce qu'il touche en or. De l'improbable suite des Canons de Navarrone aux blasons redorés des héros d'Agatha Christie, Marple et Poirot, il a toujours su ré-intéresser le public et donner un souffle inédit aux sagas qu'il faisait se poursuivre.
S'il est usuellement bon, Hamilton est sur ce film divin et ne parviendra jamais à refaire l'exploit: Les Diamants sont éternels, Vivre et laisser mourir et L'Homme au pistolet d'or n'arrivant pas au niveau d'excellence de sa première participation à l'univers du célèbre espion.


L'or de Goldfinger, c'est sa chanson incontournable, son casting dantesque, ses gadgets cultissimes, son intrigue ingénieuse et son fabuleux décor.


1- Une voix d'or pour un portrait effrayant du principal antagoniste


Sa chanson d'abord, qui dore le personnage du méchant avant son entrée en scène: l'ennemi de 007 cette fois sera une sorte de Midas dont le discours fallacieux séduit et tue, une araignée humaine, mortelle et auromaniaque, dépourvue de réelle humanité.Voilà le publique terrifié face au personnage éponyme dont le portrait est dressé par la voix forte et énergique, accentuant les mot-clefs, de Shirley Bassey, le tout sur fond de femme dorée reflétant les péripéties à venir. Cette chanson explique le retour envisagé de son interprète dans le volet suivant puis réussi dans deux autres grands volets de la saga. Une Adèle de 1964 comme Adèle est une Bassey de 2012: un enchantement vocal et auditif.


2- Sean Connery & his marvelous Cie


Son casting est également impressionnant. Sean Connery, qu'on ne présente plus, revient meilleur que jamais. Il trouve à ses côtés la délicieuse et entreprenante Honor Blackman, célèbre associée de John Steed dans Chapeau melon et Bottes de cuir, dont le personnage porte un nom licencieux qui a choqué le monde entier à l'époque. Face à lui, Gert Fröbe, sempiternel inspecteur du Dr Mabuse, qui campe un Golfinger sadique et moqueur, le meilleur des adversaires de 007. Au service de cet ennemi, un homme de main au nom plus qu'explicite Oddjob "sale besogne" auquel le célèbre lutteur Harold Sakata dit Tosh Togo, qui n'a pas hésité à s'électrocuter pour donner de la crédibilité à l'inimaginable scène de combat final. Bernard Lee, Loïs Maxwell et surtout l'impayable Desmond Llewellyn viennent relever le tout. Seul regret: l'absence de Laurance Naismith dans le rôle de Smithers qu'il ne jouera que pour sa deuxième et ultime apparition dans Les Diamants sont éternels.


3- Son nom est 5, DB-5!


Autre trésor de Goldfinger, son impensable Aston Martin DB-5 que l'antagoniste lui-même décrit à un moment comme une véritable merveille. Unique en son genre, elle a fait le tour du monde, puis s'est vendue à un prix fou furieux aux enchères, a initié une suite incroyable de voitures gadgetisées pour 007, certains de ses ennemis comme l'étincelant Zao de Meurs un autre jour, ainsi que les personnages d'autres sagas - que sont les voitures tunées de Fast&Furious et TAXI sinon des tributaires de la DB-5 de Goldfinger? - pour finir par revenir mythique dans Skyfall.
Objet de de tous les fantasmes et de nombreuses parodies - celle, excellente, de Mozinor, par exemple, la DB-5 possède les options les plus folles: cache d'armes et téléphone intégrés, mitrailleuses derrière les phares avant, réservoirs et déversoirs de fumée et d'huile à l'arrière, radar sur le tableau de bord, plaque d'immatriculation changeante - imaginée par Hamilton pour éviter les PV, et surtout le célèbre siège éjectable, sans compter quelques autres gadgets présentés uniquement en exhibition du véhicule et non dans le film.


4 - Une intrigue ingénieuse et intemporelle


La magie de ce volet des aventures de James Bond, c'est aussi le complot apparemment fou et innane de Golfinger - à savoir voler tout l'or de la plus grande réserve d'or du monde - qui s'avère plus qu'astucieuse, plutôt stratégique et financièrement spéculative et qui, malgré son contexte de guerre froide lié à la question atomique et à la Chine soviétique, conserve une inquiétante actualité!
Tout le génie de cette cabale, c'est qu'elle cache sous des dehors simple une redoutable et complexe inventivité économique. Ce qui permet cet échange jouissif entre un Bond ayant surpris un faux exposé de Golfinger et son ennemi à sa grande surprise fanfaron:
" Bond - Opération Grand Chelem, j'ai adoré votre speech!
Goldfinger - Oui! Moi aussi!"


5- Un décor inoubliable


Le clou du spectacle, c'est évidemment la réserve d'or, le célèbre Fort Knox.
Là encore, on trouve des résurgences de Goldfinger à travers ce fort, présent dans la plupart des adaptations des aventures de 007 en jeu vidéo mais aussi dans d'autres films. Notons que le premier volet de la période saga de Mission: impossible met en scène Jean Reno qui propose d'abandonner l'infiltration proposée par Hunt à Langley pour dévaliser le Fort Knox, tâche qu'il présente ironiquement comme plus faisable.
Oui, le Fort Knox de Goldfinger, à défaut de n'être véritable que de l'extérieur, a marqué les esprits pour son intérieur que les membres de l'équipe de tournage n'ont pas manquer d'appeler une "cathédrale d'or".
Ce que Golfinger voit comme une simple "banque" et qui est la plus grande réserve d'or au monde, nous apparaît immense, colossale, cyclopéenne, gorgée de lingots d'or par milliards. Fantasmagorique, elle donne envie d'y être malgré les terribles événements qui s'y produisent!


En conclusion,
Goldfinger est LE James Bond par définition; le seul et l'unique! Il mêle rêve, action, humour, références à l'actualité de son temps, intrigue intemporelle, et dépasse de nombreux records: Détenteur d'un oscar, il est longtemps resté N°1 au box-office mondial de 1964 et est le film qui a fait découvrir au public ce qu'était un laser!


Si vous devez ne voir qu'un seul James Bond, alors allez voir Goldfinger!

Créée

le 11 août 2015

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Frenhofer

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