♫ ♪ Go ! Go ! Go ! Godzilla !!! ♫ ♪

Dans Godzilla vs Kong, les deux forces les plus puissantes de la nature s’affrontent alors que l’humanité lutte pour son avenir.



Round 2



C’est fait ! Après de longs et persistants reports la grosse bagarre entre Godzilla et Kong débarque enfin. On regrette toutefois de ne pas avoir l’occasion de vivre ce moment dans les salles obscures. En effet, le prix exigé pour mettre fin à l’attente est de se rabattre sur un visionnage à domicile.


Attendu de pied ferme, Godzilla vs Kong constitue le point culminant du MonsterVerse lancé en 2014 avec Gareth Edwards. L’enjeu majeur du présent métrage est de repopulariser le MonsterVerse après les résultats assez tièdes de Godzilla II : King of the Monsters. La Warner met donc en place un procédé populaire en opposant deux icônes de la pop culture pour un affrontement dantesque.


Il faut dire que l’hostilité entre ces deux géants s’est mollement engagée en 1962. A cette époque, la franchise Godzilla ne bénéficiait évidemment pas des capacités actuelles, alors l’affrontement légendaire tendait clairement vers le nanar avec ces acteurs qui enfilaient des costumes pour se battre sur des villes miniatures. Non pas que le procédé fut systématiquement mauvais comme le prouve le tout premier Godzilla de 1954, mais les différentes suites ont majoritairement basculé dans la comédie au point d’en perdre l’esthétisme soigné des débuts du célèbre Kaiju. Aujourd’hui, la rencontre musclée se fait avec nos ressources actuelles pour redorer comme il se doit un spectacle coriace. Après Gareth Edwards et le réalisme de ses monstres en 2014, Michael Dougherty et sa version plus colorée en 2019, c’est au tour de Adam Wingard de faire sa popote personnelle.



What is a King to a God



Le Godzilla de Gareth Edwards, même s’il n’a jamais fait l’unanimité, avait un vrai parti pris. Celui de narrer une histoire du point de vue de l’humanité qui assistait à l’arrivée des monstres plutôt que sur les monstres en eux-mêmes. Un film anti-blockbuster qui se voulait plus réaliste et sérieux, rendant les arrivées du Kaiju culte rarissime mais toujours spectaculaire et iconique. Quoi qu’on en dise, la subtile et lente découverte de Godzilla fut le meilleur choix possible pour démarrer convenablement le MonsterVerse. Godzilla II King of the Monsters devait ensuite saisir l’occasion de reprendre les fondations solides du premier film. Devenir une suite plus rythmée, la phase découverte étant passée, mais sans pour autant sombrer dans la facilité du pur blockbuster avec toutes ses limites. Pourtant ce Godzilla II King of the Monsters lorgne davantage du côté de Kong Skull Island. Deux films beaucoup trop ancrés dans le mouvement nos divertissements actuels qui jonglent entre de l’action vide de sens et de l’humour niais.


En s’inscrivant dans la continuité de Godzilla King of the Monsters et de Kong Skull Island, Godzilla vs Kong nous oblige encore à faire le deuil du travail de Gareth Edwards. Définitivement, on n’adopte plus un regard intimiste de l’humanité face au gigantisme des monstres, on ne traite plus certains thèmes intéressants comme l’Homme face à la Nature, et on s’éloigne toujours un peu plus de la mythologie d’origine des Kaijus.


Malgré tout, le spectacle est si généreux qu’il est difficile de bouder. Même si je suis agacé de constater à quel point Godzilla vs Kong n’a aucune valeur d’échelle et à quel point il ne parvient jamais à faire cohabiter l’homme et le monstre dans son intrigue, je passe véritablement un bon moment. C’est un produit de la surenchère créant un univers simpliste, mais éblouissant, qui gravite autour de monstres majestueusement divins. Des monstres eux-mêmes qui baignent dans une intensité visuelle cohérente avec les moneys shots de la bande-annonce. Car même si on ne peut plus compter sur la brutalité et la précision insufflées par Edwards, quand Godzilla envoie son cri mythique à la face de Kong prêt à défendre son titre de Roi des Monstres on est emporté émotionnellement dans ce combat pour la suprématie. C’est plus que suffisant pour que le film délivre plusieurs fois des frissons durant ce duel de titans qu’est Godzilla vs Kong, notamment avec cet affrontement final parmi l’un des plus beaux du MonsterVerse.



One will fall



Durant la vaste communication autour du film, Adam Wingard affirmait que Godzilla vs Kong donnerait un vainqueur et un vaincu lors du combat. J’y vois une déclaration qui vise à rassurer les spectateurs suite aux nombreuses comparaisons avec le film Batman vs Superman. Rassurez-vous, pas de scène « Save Mothra » dans ce film mais il faut bien avouer que le fil rouge de Godzilla vs Kong y ressemble fortement. Il s’agit toujours d’une confrontation entre deux êtres bienveillants qui n’ont logiquement aucune raison de s’affronter. Et comme l’indique le synopsis, un complot se trame dans l’ombre dans le but d’anéantir toutes les créatures. Ce qui implique que Godzilla vs Kong côtoie intensément l’intrigue de Batman vs Superman durant les éléments clés mais aussi concernant le principal twist du film. Certains spectateurs le prendront comme un manque d’originalité, mais à mon sens le plaisir n’est pas atténué.


Sans aucun doute, Godzilla vs Kong est une sacrée affiche. Un match de catch au budget luxueux qui permet clairement de s’en prendre plein la gueule. Même si je suis un grand défenseur de Gareth Edwards je dois reconnaître que Adam Wingard a tout de même un certain savoir-faire pour tirer les meilleurs moments de ce combat légendaire. Toutes les confrontations entre ces deux poids lourds tapent dans le mille et constituent à la fois des scènes impressionnantes et fascinantes. Les deux divinités disposent de capacités différentes ce qui permet de diversifier la chorégraphie méticuleuse des affrontements. Godzilla sera toujours le Dieu implacable, il embarque symboliquement avec lui le cri d’alerte contre le nucléaire et la représentation divine du bras armé de la Nature. Kong qui n’en est qu’à son deuxième film au sein du MonsterVerse devient plutôt l’humain parmi les monstres. Une caractéristique qui lui permet d’être plus manuel notamment en utilisant des armes contre son adversaire, mais surtout de délivrer des émotions dans ses interactions avec les humains.


L’acte final, lui, est pourvu de ces coups de théâtre qui vous scotchent instantanément à votre fauteuil. On a beau se douter de l’issue finale à mi-parcours, la chorégraphie de l’action de fin constitue à elle seule une surprise tant le film donne tout ce qu’il a d’une manière très efficace. C’est jouissif, totalement destructeur, et émotionnellement fort pour tous les fans de ces drôles de bêbêtes. On peut également souligner le fait que cette fin de parcours n’est pas véritablement une fin pour le MonsterVerse. Le film insufflant un petit espoir pour d’autres suites.



Human all too human



Concernant l’intrigue dispensable des humains mais tellement présente qu’il faut bien en parler, c’est tout de même stupéfiant d'être obligé de fournir un lien humain auquel s’identifier alors que le spectateur regarde avant tout un film de monstres. Le film se noie d’ailleurs dans ses tentatives hasardeuses pour nous émouvoir, mais les motivations des personnages sont si déconnectées de l’intrigue que l’objectif n’est jamais atteint. En réalité, c’est surtout Kong en passant la majeure partie de son temps auprès des humains qui permet de nous soulager de l’ennui.


A l’instar des personnages de Godzilla King of the Monsters, l’écriture est à un stade de fainéantise incroyable. C’est un véritable enfer de suivre un casting aussi plat qui n’existe en fait que pour créer un interlude entre deux scènes d’action. J’affirme une nouvelle fois que les humains servaient initialement à glorifier le gigantisme des monstres et à rabaisser l’Homme, ce qui était sans doute la seule utilisation vraiment intéressante pour servir l’intrigue. L’élément le plus gênant reste peut-être Mille Bobby Brown, starlette de Stranger Things. Je ne vais pas vous cacher mon envie sadique de la voir se faire écraser accidentellement par Godzilla afin d’être libéré de sa présence. Elle délivre encore une prestation forcée surtout lorsque la camera zoom sur son visage afin de capter perpétuellement les mêmes expressions simplistes. On peine à croire qu’elle puisse servir à autre chose que ramener sa fan-base. Ce qui fait avant tout d’elle une démarche commerciale avant d’être un personnage principal du film.



Conclusion



Godzilla vs Kong est un menu généreux loin de la subtile réalisation de Gareth Edwards. En ça, le film n’est pas avare en destructions, en explosions, et en cris de guerre viriles. C’est même un arc-en-ciel d’écailles radioactives, de souffle chaud comme l'enfer, et d’uppercuts puissants que nous offre Adam Wingard.


Assurément, Godzilla et Kong écrasent tout sur l’autel du spectacle. On ressort du visionnage satisfait, ébloui, et on en redemande encore.



There was a war, and they're the last ones standing


JasonMoraw
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le 31 mars 2021

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