Gros lézard dans la Grosse Pomme !

Avec environ 22 films dans son compteur, Godzilla est certainement le plus gros monstre du cinéma à n’avoir jamais eu autant de longs-métrages se basant sur lui, sur son évolution et sur ses combats avec d’autres créatures belliqueuses, sauvages et de même type que le gros lézard. J’ai comme l’impression que ce Kaijū est un symbole du cinéma asiatique tellement que les producteurs n’ont pas hésité à enchaîner et à produire des productions d'un visuel très kirsch et mettant en scène ce géant dévastateur modifié génétiquement, suite à une explosion nucléaire. Et bien évidemment, quand quelque chose dure pendant un certain temps sans connaître férocement le succès, le cinéma américain ne se prive pas de collaborer avec un studio asiatique pour exploiter ce monstre qui est devenu une pièce majeure de la culture cinématographique.


Il était clair qu’avec les moyens technologiques très évolués à cette époque, le réalisateur Roland Emmerich avait à sa disposition les outils et le savoir pour dessiner un Kaijū phénoménal, convaincant et éventuellement monstrueux. Le problème, c’est que ce metteur en scène a récemment sorti son Indépendance Day qui a été critiqué à tout-va, suite à une vision trop patriotique d’un affrontement entre une race d’extraterrestres et l’armée américaine. Il est certain que ce réalisateur n’était sans doute pas le choix le plus judicieux pour faire naître le gros lézard sur le grand écran, même s’il est reconnu comme un expert incontestable en production de blockbusters explosifs. Il avait certes la notion technique mais sûrement pas celui de la narration. Comme on le savait, il a voulu appliquer ses propres idées en reprenant un peu des points sur l’origine du monstre comme l’explosion nucléaire. 


Ce qui est plutôt une bonne chose et le réalisateur l'a bien mis en évidence, sans trop pénétrer dans les détails (le générique de début est assez parlant à ce propos). Mais dès la rentrée fracassante du lézard dans la ville, ça devient vraiment un peu trop américanisme et trop visé dans le divertissement. Le réalisateur a voulu atteindre un seul objectif, nous mettre plein les yeux. D’un côté, c’était un peu l’idée, on a un visuel spectaculaire, les images de destruction urbaine sont plus fortes, les effets spéciaux sont un peu près acceptables et l’action est réglée à un niveau plus sensationnel, bien plus que la plupart des films asiatiques traitant le monstre. Rien n’est inspiré de la philosophie asiatique, c’est un film exploitant un géant reptilien saccageant impitoyablement une mégalopole. J’aime bien comment le réalisateur a tenté de placer de l’humour bête pour sortir des clichés grotesques comme le cameraman courant sur les toits des bagnoles ou la journaliste blonde naïve, idiote et se croyant tout permettre pour réussir dans sa carrière.


Heureusement que le metteur en scène nous offre quelques séquences assez prodigieuses et osées pour oublier ces bêtises comme la course-poursuite finale entre le taxi et le monstre. Le casting n'est pas une grand aide pour prendre goût à ce long-métrage, ils n’ont font juste que le minimum. Seul Jean Reno sort du lot en incarnant, avec un certain petit plaisir, un bon protecteur français, tout en tirant deux ou trois répliques amusantes. Des gros plans sur des parties de l'anatomie du reptile comme les yeux, les pattes ou la queue, s’affichant dans un New-York plongé en permanence dans une semi-obscurité et pluvieux, on en est terriblement bien gâté. Malgré cette base méthodiquement respectée et les moyens pyrotechniques employés, ce Godzilla n’est pas très honorable, la technique est là mais le scénario a été remanié dans une direction scénariste pas très judicieuse, sans doute pour répondre plus aux attentes d’un public américain qu’à celles d’un public asiatique. 6/10




  • C’est pour quoi les chewing-gums ?

  • Pour avoir l’air plus américain !

  • Sans blague !


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le 29 mai 2019

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LeTigre

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