Quelle tâche ardue que de s’insérer dans l’une des sagas cinématographiques les plus balisées, les plus connues, les plus connotées “série Z” aussi, dominée par une figure ayant transcendé son statut initial pour devenir un monument de la pop culture : Godzilla.


Gareth Edwards a le mérite d’avoir cherché sa place avec ce film, tout en respectant grosso modo le matériau original, et tout cela sous la pression des studios en mode “on veut un MonsterVeeeeeeeeeeeerse” palpable avec la mise en place, laborieuse, de toute une mythologie et les esquisses d’un bestiaire à venir. On notera d’ailleurs combien la Warner a voulu mettre les chances de son côté en recrutant chez la concurrence (Seamus McGarney, chef op d’Avengers, et la talentueuse directrice de casting Sarah Hailey Finn en charge de tout l’univers Marvel). Difficile d’en vouloir à Edwards quand les planètes ne s’alignent pas malgré tout, alors qu’il offre de ci de là quelques plans voire quelques séquences plutôt réussies (au pif le générique d’intro, Godzilla le long du Golden Gate Bridge ou l’assaut militaire aérien sur fond de Gyorgy Ligeti). Edwards a un sens certain de la mise en scène, et s’appliquant du mieux qu’il peut à fournir une copie de bonne facture il permet à ce Godzilla de ne pas s’enfoncer dans les mêmes travers que le premier remake américain signé Emmerich 15 ans plus tôt.


Hélas ! La bonne volonté et quelques belles idées ne peuvent pas faire un bon film. Godzilla est particulièrement lent et, disons-le, peu captivant tant il est bavard. Sous les dialogues pompeux, le vide scénaristique se fait parfois trop apparent, et le jeu parfois syndical de certains comédiens n’aide pas. Surtout, on passe beaucoup trop de temps avec des personnages somme toute caricaturaux, enfermés dans les codes beaucoup trop connus pour surprendre (le scientifique dérangé et l’autre traumatisé, le militaire obstiné, le héros immortel, la dulcinée inutile). Tout cela rend le spectacle laborieux, ce qui est d’autant plus frustrant quand Edwards montre de quoi il est capable en dehors de champs-contrechamps verbeux et plats.


Et dire que c’était le meilleur de ce qu’allait donner cette nouvelle saga dans les années à venir… (voir ici, ici et enfin ici).

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le 26 sept. 2021

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