Reconnaissons tout d’abord à Glass et à M. Night Shyamalan une première qualité : la surprise. Alors que la fin de Split, inscrivant ce dernier dans le même univers que Incassable, promettait un affrontement entre David Dunn, le (super) héros campé par Bruce Willis, et Kevin Wendell Crumb/The Beast (James McAvoy), le tout avec l’intervention de Elijah Price/Glass (Samuel L. Jackson),


ce qui devait être le climax de ce dernier volet intervient dès les premières minutes du film !


Et le film dès lors de partir dans un registre beaucoup plus inattendu.


La première partie du film est longuette, voire franchement chiante par moments, mais MNS semble s’amuser à reprendre certains reproches formulés envers Split (ouin oui, 23 personnalités mais on en voit beaucoup moins, argument commercial ouin ouin) afin de nous démontrer que finalement, hormis pour donner l’occasion à McAvoy de – beaucoup trop – cabotiner, cela n’avait guère d’intérêt. L’on suit alors nos trois personnages enfermés dans un asile où une psy – jouée par la trop rare Sarah Paulson – spécialisée dans le traitement des personnes se prenant pour des super-héros va remettre toutes nos certitudes de spectateur en question. Et c’est là que le film prend réellement son sens.
Dans une scène marquant la rupture entre la première partie (barbante, donc) et la suite, elle démontre par A + B que les soi-disant super-pouvoirs des trois personnages ne sont que des capacités, certes extraordinaires, mais en rien surhumaines. Les visions de David Dunn (Bruce Willis) deviennent ainsi un talent de mentaliste, la personnalité Beast et sa capacité à grimper aux murs un mimétisme des vidéos regardées en boucle par Kevin Crumb. Et autant qu’eux, c’est nous qui doutons de ce que MNS nous a montré dans Incassable et Split.
Mais finalement on peut se demander : ces capacités, bien que "normales", n’en font-elles pas des super-héros malgré tout ? Le film multiplie les clins d’œil, jouant avec cette dualité, entre référence Marveliennes ou à Die Hard (John McClane n’est-il finalement pas un super-héros au sens moderne du terme, malgré une absence de pouvoirs spéciaux ?) et nous interroge sur notre capacité à croire. MNS se joue des codes d’un genre sur-exploité ces quinze dernières années –


ainsi, le climax attendu tout au long du film, par force de l’habitude, n’aura pas vraiment lieu


. Evidemment, MNS donne son point de vue (au prix d’un twist final assez foireux, pour le coup), mais laisse aussi la porte ouverte à tout un chacun de se rêver super-héros normal, humain.


En résumé, MNS joue avec la puissance du cinéma, les codes du genre super-héroïques, offrant un film hybride surprenant mais manquant d’un peu de chair et de plaisir immédiat, mais, aussi, d’une richesse et d’une réflexion assez inattendues de la part d’un cinéaste plus habitué au pur divertissement. Shyamalan, surtout, aura offert une trilogie des plus étonnantes, tant chaque film est se distingue par les thèmes abordés et son inscription dans des genres de cinéma très distincts, tout en formant un tout cohérent. Ce qui, peut-être, fait de lui un super-héros, dans son genre.

Lc_Dhd
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le 1 févr. 2019

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Lc_Dhd

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