"Put the blame on Mame"

Il est fascinant de voir comme ce film semble échapper au processus du temps et de l’oubli. Rita Hayworth conserve cette attractivité qui lui est propre, et l’éclairage pur dans lequel elle baigne en permanence confirme le fait qu’elle a été et restera une icône d’Hollywood. D’un point de vue technique, le film ne souffre pas de défauts dû à son grand âge, le fort contraste, notamment, est un des grands points forts de l’oeuvre

La superficialité apparente du décor (splendide, en passant) sert à merveille l’intrigue, qui se noue sur des sous-entendus, des regards, des actes manqués. La pertinence du dialogue se concrétise dans l’usage du cynisme qui n’est ici pas exclusivement réservé aux hommes, et j’ai apprécié de voir la somptueuse Gilda s’exposer en premier plan sur la scène de la vengeance. Vengeance qui ne poursuit jamais un cours tranquille, sans cesse perturbée, comme une belle tragédie dans laquelle les amants tentent de se dépêtrer.

Une œuvre qui fait honneur à la Femme fatale et aux mots grinçants, accompagnée d’une belle image qui séduiront même les plus réticents au noir et blanc (et puis, il faut avoir vu la scène du gant au moins une fois dans sa vie !)