Le jeu des comparaisons peut parfois se révéler assassin, voire non sensique.


Tiens, par exemple, prenez le cas du Ghost Rider au cinéma : figurez-vous donc qu'à ma grande surprise, la communauté Sens Critique préfère, d'une courte tête, la version pourtant unanimement décriée offerte par Mark Steven Johnson. Oui, oui, rappelez-vous : celle où Nicolas Cage passait plus de temps à grimacer, à compter fleurette à Eva Mendes (on peut toutefois le comprendre), à manger des bonbons et à regarder des documentaires sur des singes qui faisaient du kung fu, qu'à se transformer en motard enflammé et vengeur.


La communauté Sens Critique aime donc mieux (d'une courte tête encore une fois), un truc qui trahit complètement l'esprit d'un personnage au départ bad ass.


Il faudrait parfois voir à être cohérent, mes amis...


Non pas que Ghost Rider : L'Esprit de Vengeance soit un chef-d'oeuvre incompris, non. Mais il se montre toutefois un peu plus respectueux, déjà, de son personnage titre.


Pour cela, Marvel et la Columbia reprennent, sous un label Marvel Knights qui aura fait long feu, ce qui avait permis de mettre à distance L'Incroyable Hulk de son premier opus : quelques images pour résumer les rares petits éléments sauvables pour mieux passer le reste dans la colonne pertes du bilan artistique.


Marvel et Columbia, de la même manière, confient l'entreprise de réalisation à quelqu'un qui pourra au moins assurer le spectacle. Louis Leterrier avait accompli la tâche avec professionnalisme sur L'Incroyable Hulk. Aujourd'hui, c'est au duo Neveldine/Taylor de s'illustrer, en reprenant leur art du cadrage improbable et de la caméra vivante qui semble faire l'unanimité sur le doigt d'honneur que le duo présente à la face du bon goût.


Le tout nous donne un Esprit de Vengeance collant plutôt bien à l'ambiance du comics Ghost Rider, livrant un film plus brut, plus rugueux, plus sale, beaucoup moins aseptisé que le premier opus. Mais cependant pas débarrassé de toutes ses scories.


Car si Nicolas Cage livre une prestation, disons, moins hallucinée, il arrive cependant, encore, à torpiller une paire de scènes avec son jeu grossier et outrancier, qui ne manquera pas de faire lever les yeux au ciel de ceux qui croiraient au succès complet de l'entreprise, enfin débarrassée d'un Mark Steven Johnson qui n'avait pas trop compris l'aura funèbre du Ghost Rider.


Beaucoup vous diront aussi que Neveldine et Taylor devraient être traduits en justice, histoire que ces deux-là ne puissent plus faire du cinéma qui collerait soit disant des hauts-le-coeur à tout cinéphile normalement constitué, comme dans leurs deux Hyper Tension et autres Ultimate Game.


Sauf que manque de bol, mon mauvais goût aidant, il s'avère que j'ai bien kiffé les films de l'improbable duo.


Tandis que, sorti d'une entrée en matière ultra dynamique, il faut reconnaître que le duo s'est, soit assagi, soit tout simplement couché devant le cahier des charges imposé par Marvel. Il reste cependant quelques fulgurances, quelques idées folles, comme la possession de cet engin de chantier donnant lieu à LA scène d'action marquante du film, pour se souvenir que Neveldine/Taylor demeuraient des trublions déglingués et malpolis dans l'univers hollywoodien de la série B.


Ghost Rider : L'Esprit de Vengeance ne marquera donc pas les mémoires du film super héroïque, mais reste pourtant délectable quand il impose à certaines occasions son Rider comme s'il sortait tout droit d'une couverture exécutée par Clayton Crain.


Il reste agréable à suivre et plutôt attachant, tant il transcende les limites évidentes de son micro budget et de son scénario archi rebattu pour en tirer quelque chose de sympathique, de nerveux et de plutôt inventif dans le rendu de ses errements ou de ses affrontements, illustrés comme hors du temps dans un noir et blanc figé, totalement déconnecté de la narration mise en place. Puis tout à coup comme pris de convulsions.


Il tire enfin parti de ses décors turcs jaunes, oranges puis finalement blanchis, follement cinégéniques, de ses reliefs désolés, de son monastère troglodyte et de ses seconds rôles éminemment sympathiques comme la ravissante Violante Placido ou notre inaltérable Christopher Lambert.


Ghost Rider : L'Esprit de Vengeance est donc loin du portrait que l'on vous aura complaisamment dressé de sa supposée médiocrité. Pas un grand film, à l'évidence, mais quelque chose de plutôt simple, honnête et efficace dans sa représentation de son personnage sombre et torturé.


Behind_the_Mask, tête brûlée.

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le 14 juin 2020

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