Sfar (réalisateur héroïque)
Un petit bijou onirique, à ne pas considérer comme un biopic fidèle et concret mais plutôt comme un conte (d'où la précision "vie héroïque"). Ce n'est pas le Gainsbourg de l'intimité qui nous est présenté là mais plutôt le personnage légendaire ("le Gainsbourg qu'on aime" d'après Sfar) qu'Eric Elmosnino incarne à la perfection (je l'ai pris pour le vrai, et rappelons aussi que les chansons sont interprétées de sa propre voix) - il en va de même pour Laetitia Casta dans la peau d'une Brigitte Bardot presque plus vraie que nature, et de Lucy Gordon-Jane Birkin.
Il n'est aucunement obligatoire d'être fanatique de Serge Gainsbourg pour apprécier ce film (et je ne l'étais pas avant de l'avoir vu). La beauté des scènes imprégnées de bande-dessinée, la beauté de l'image aux couleurs bien distillées, la BO dont les morceaux sont retravaillés avec talent (soulignons la participation de Dionysos, groupe très ami de Joann Sfar, pour le titre Nazi Rock,et du réalisateur lui-même en tant que Brassens) l'histoire accrocheuse et émouvante, les artifices judicieux (je pense surtout à sa "gueule") suffisent largement pour y adhérer. Nous sommes loin du cinéma français bateau, mélodramatico-comique à l'esthétique neutre. Sfar est TRES créatif, ce film est atypique dans le meilleur sens du terme, et c'est un César du meilleur premier film plus que mérité qui lui a été attribué cette année.