"This is my rifle. There are many others like it, but this one is mine. My rifle is my best friend. It is my life."


Dans mon épopée kubrickienne (c'est déjà le sixième film du génie barbu que je découvre), j'ai découvert Full Metal Jacket. Il y avait déjà un bon point dès l'affiche du film : "une épopée de la guerre du Vietnam". C'est vrai, quoi, pourquoi ne parle-t-on jamais de la guerre du Vietnam en France ? Pourquoi attendre des chefs d'oeuvre à la Taxi Driver pour que le sujet soit évoqué ? C'était déjà un bon point : le sujet était évoqué frontalement, et la mise en scène nous met face à face avec cette hiérarchie militaire, cette proximité de la mort et encore d'autres douleurs, mais je m'égare déjà.


Des acteurs absolument fantasques, mais dont je ne connais - et ne connaîtrai jamais - les noms, contrairement au mémorable Alex McDowell d'Orange Mécanique, une musique à la fois décalée (https://www.youtube.com/watch?v=o0q5sH8cQNY en pleine guerre du Vietnam) et qui accompagne les protagonistes dans l'accélération finale contre les Vietcong, et un sens de la mise en scène fait de symétrie troublante, de montée en pression, de travellings avant purement kubrickiens et d'hurlements d'un sergent de l'armée, voici (à peu de choses près) la recette de ce Kubrick clivant à propos du fameux "american involvement in Vietnam".


J'ai personnellement été touchée par ces personnages symboles d'une fraternisation impossible dans les rangs de l'armée, par cette scène d'ouverture sur la significative tonte des cheveux avant d'entrée dans les Marins, par cette scène culte des toilettes et ces mots "full metal jacket" qui ont enfin résonné avec une profondeur à laquelle je ne me serais pas attendue. Ce film est controversé, peut-être moins pour la française que je suis, dans mon pays où la guerre est condamnée et où le mythe du militaire n'est qu'un vague souvenir, mais je m'imagine le voir - voire même, toute étudiante cinéphile que je suis, l'étudier - dans le contexte tendu que sont les Etats-Unis aujourd'hui. Le voir en sachant que mon pays glorifie toujours le mythe de l'armée, que les Marins sont encore vus comme des héros et que la défaite du Vietnam et la boucherie de cette guerre sont taboues dans ce pays.


Alors je dis merci. Je dis merci à Stanley Kubrick, cinéaste engagé tant qu'il l'est, d'avoir réalisé un film qui, au delà d'être un exemple en termes de réalisation, est surtout une référence dans le cinéma de guerre, bien loin du mythe glorificateur du G.I américain.

CFournier
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Pérégrinations cinéphiles de 2017 et Les meilleurs films de Stanley Kubrick

Créée

le 26 nov. 2017

Critique lue 247 fois

2 j'aime

3 commentaires

Coline Fournier

Écrit par

Critique lue 247 fois

2
3

D'autres avis sur Full Metal Jacket

Full Metal Jacket
Gand-Alf
8

Purgatory.

Sept ans après avoir terrorisé le monde entier avec son adaptation du best-seller de Stephen King, The Shining, Stanley Kubrick s'attèle à un autre genre, celui du film de guerre, qu'il avait déjà...

le 5 janv. 2017

62 j'aime

7

Full Metal Jacket
real_folk_blues
8

Joyeux anniversaire Jesus

Loin de moi l'idée de faire une critique digne des Cahiers Du Cinéma parce que c'est du Kubrick. D'abord j'en suis incapable (malgré des heures d'entrainement j'arrive toujours pas à péter plus haut...

le 24 juin 2011

57 j'aime

18

Full Metal Jacket
SUNSELESS
8

Fini les branlettes, à vos chaussettes.

Je ne peux pas écrire de critique sans citer le génialissime Sergent Hartman qui ferait pâlir de jalousie le Docteur Cox (Scrubs). Avec des répliques et des chansons inoubliables accompagnées d'un...

le 18 avr. 2011

54 j'aime

12

Du même critique

Ava
CFournier
5

Forme > Fond

Comme c'est drôle. La France vit, cette semaine, sous une canicule écrasante. Et voilà que je m'enferme dans un cinéma climatisé pour voir ce que je considérais de prime abord comme mon nouveau La...

le 21 juin 2017

17 j'aime

6

Juste la fin du monde
CFournier
9

Home is where it hurts

J'y étais préparée, enfin, je crois. J'ai vu tous les films de Xavier Dolan, et je les aime tous, certains plus que d'autres mais j'éprouve pour cette homme de 11 ans de plus que moi une fascination...

le 13 sept. 2016

13 j'aime