Après avoir vu Le dernier voyage de Tanya, ce sont décidément des films bien autophobes que je visionne. Le titre original, « Fucking Åmål » (changé en Show me Love pour courir l’Academy Award), laisse bien voir le ressentiment envers le « trou perdu » natal.
Tourné à l’amateur, avec un grain sur l’image (je ne dirais pas qu’il est de beauté), de la même manière et sur le même thème que Ils mourront tous sauf moi (Valeriya Gay Germanika, 2008), le film donne malheureusement l’impression d’avoir chassé la gentille controverse : par son titre et ses dialogues piqués de vulgarité adolescente, c’est comme s’il cherchait à se faire bien voir d’une communauté jeune et perdue qu’il explore pourtant par l’obvious ; les noms des groupes de musique en bien gros sur les posters dans les chambres, le machisme sans nuances d’un antagoniste mou qui tient lieu de bouc émissaire : des accrocs. On croirait que le réalisateur est le parent maladroit qui s’efforce de comprendre son ado.
L’image étouffe, serrée sur ses gros plans, mais ils vont servir à s’ouvrir sur l’intérieur de ces personnages mal à l’aise dont les émotions prennent de l’épaisseur à chaque mouvement de caméra, toujours tel un mouvement d’œil. Ils ont quelque chose de naïf, ces personnages qui savent à quoi s’attendre mais pas comment le vivre, ces gens qui souffrent gentiment de tout.
Peut-être y avait-il mieux à faire, pourtant ce n’est pas un sentiment de vacuité qui en ressort ; plutôt un lien plus fort entre eux et nous, toute une poésie de la douleur. Des ressentis similaires qui sont la lumière réfractée par des prismes variés, jouant un peu pour eux-mêmes mais sans se fermer ; un arc-en-ciel dans la pluie de l’adolescence.
Quantième Art