Stuart Gordon est un réalisateur qui s'est principalement illustré dans le genre horrifique, et particulièrement dans les adaptations et modernisations des nouvelles de Howard Phillips Lovecraft.
From Beyond est son second film et sa seconde adaptation d'un écrit de Lovecraft après le très célèbre Re-Animator inspiré de la nouvelle Herbert West, réanimateur. Ses autres films les plus connus sont tous relié à la mythologie Lovecraftienne, que ce soit Dagon, une adaptation/ Modernisation du Cauchemar d'Innsmouth ou Le Cauchemar de la sorcière, une adaptation/modernisation de la nouvelle La maison de la sorcière qui constitue un des épisodes de la première saison de Masters of Horror.
Cette fois-ci, Gordon adapte en la modifiant De l'au-delà, une nouvelle moins connue de l'auteur avec l'aide de Brian Yuzna (connu pour les suites nettement moins réussies de Re-Animator, ou Le Dentiste, ainsi que l'anthologie Necronomicon) , .
En plus de l'horreur cosmique typique des écrits de Lovecraft présente dans la nouvelle originale, Gordon va ajouter une solide dose de Body horror plus proche de Barker que de Lovecraft, ainsi que des thématiques sadomasochistes assez éloignées de ce que le puritanisme de Lovecraft aurait trouvé acceptable, mais qui renvoie assez bien dos à dos la dépravation comme la déliquescence morale et la corruption physique de ses protagonistes.


Contrairement à Re-Animator qui s'amuse pas mal de son sujet et peut être classé parmi les précurseurs du gorigolo/splatstick (jeu de mot en anglais en rapport avec le splastick et les splatters et dans lequel le sang et les tripes remplacent les tartes à la crème pour obtenir le même effet) avec des films comme Evil Dead 2 de Sam Raimi, ou Bad Taste et Braindead de Peter Jackson entre autres, le traitement de From Beyond se veut plus sérieux, même si les deux films partagent une intensité quasi organique commune.


Gordon réemploiera Jeffrey Combs ainsi que Brabara Crampton après l'expérience réussie (huhu) de Re-Animator.
Jeffrey Combs s'amuse comme un petit fou dans un jeu qui tient tout à la fois de la sobriété la plus totale et de l'outrance absolue, passant de l'un à l'autre en un clin d'œil pour essayer de transmettre au spectateur l'état d'esprit et le trauma émotionnel infligé à son personnage tout au long du film. Combs y est donc comme souvent très bon.
Barbara Crampton semble prendre beaucoup de plaisir à jouer ce personnage de professeur au look au départ très sage dont la transformation physique va accompagner sa transformation mentale due à sa fascination morbide pour le résonateur et le monde nouveau qu'il dévoile ainsi que pour son créateur le docteur Pretorius.
Le reste du casting s'en sort également avec les honneurs, surtout du coté de Ted Sorel qui incarne le professeur Pretorius, personnage original n'apparaissant pas dans la nouvelle de Lovecraft, avec un aplomb dont il ne se démarque jamais même lorsqu'il doit porter des prothèses en latex aussi horribles qu'aberrantes.


Les effets spéciaux datent d'un certains temps mais sont très réussis pour l'époque. Le latex (et pour le coup il y en a de bien des sortes dans le film) ajoute toujours un certains cachet, un coté organique (et pour le coup ici, un peu sale) que les effets numériques peinent à rendre.


Alors, bien sûr, le film est par moment très outrancier, par exemple lors des scènes sadomasos plutôt gentillettes voulant se faire passer pour de la dernière dépravation (je vous rassure, c'est pas aussi naze que 50 nuances de Grey quand même, faut pas déconner).
Le long métrage de Gordon flirt par moments avec le ridicule mais ne tombe jamais dedans, restant sur le fil, et évite la nanardise grâce à un vrai savoir faire de la part de chaque membre de l'équipe, du réalisateur aux acteurs en passant par l'équipe technique et par l'excellent travail des décorateurs ou des spécialistes de effets spéciaux.


Tout ça fait de From Beyond un film, certes moins réussi que Re-Animator, mais une réussite du cinéma d'horreur tout de même et le second meilleur film de son réalisateur. C'est un film qui continue à tenir le coup malgré le poids des ans, un film à l'univers où déliquescence physique et mentale se mêlent en un ballet de latex aussi fascinant qu'amusant

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le 6 janv. 2022

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Samu-L

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