Neuf mois après "Dracula" par Tod Browning, c'est au tour de "Frankenstein" de prendre vie à l'écran, ici sous la caméra de James Whale qui adapte l'oeuvre de Mary Shelley. Alors que le Dracula de Browning m'avait déçu, ce n'est aucunement le cas de celui-là. Dès le début et la scène du cimetière, James Whale met en place une atmosphère intrigante, sombre et gothique, prenante tout le long du film.

Il prend son temps pour d'abord présenter les personnages et le contexte, notamment Henry Frankenstein, son ambition et le cadre dans lequel il vit, puis peu à peu vient le "monstre" en question et c'est là que le film prend tout son sens. James Whale ne le présente pas systématiquement comme un monstre cruel avec un cerveau d'assassin et donc des actes adéquats mais il nous fait ressentir différentes émotions à son égard, allant de la crainte à la sympathie en passant par la répulsion et la fascination. Véritable pièce maîtresse de son film, il le met parfaitement bien en valeur, axe son scénario autour de lui et maîtrise ce dernier à merveille.

À travers le personnage presque fou et démesuré de Frankenstein puis de sa créature, il met en scène la nature humaine et son ambition de se prendre pour un dieu et d'utiliser la science qu'il ne maîtrise pas. Souvent ambigu autour des intentions du professeur et du monstre, il montre d'abord cette dernière apprivoisé et maltraité par l'homme avant qu'elle engendre une cruauté extrême (la scène du lac) pour montrer une monstruosité innocente de la créature. Plusieurs scènes sont d'ailleurs inoubliables et marquantes à l'image de la création du monstre, de l'introduction ou de la scène finale.

L'atmosphère est sublimée par des décors réussis et une utilisation de divers éléments (château, brume, éléments gothiques...) adéquats. James Whales bénéficie aussi d'un Boris Karloff définissant la posture éternelle et encore d'actualité aujourd'hui du monstre. Son maquillage est réussi et effrayant à souhait. En face de lui, les interprétations sont correctes, mais c'est bel et bien Karloff qui crève l'écran.

Bref, après la déception du "Dracula" de Browning, cette autre adaptation de monstre, réalisée peu de temps après, est totalement convaincante et réussie. James Whales exploite à merveille son scénario pour créer une atmosphère sombre et prenante et axe son film autour du monstre dont il laisse toujours une ambiguïté et nous fait ressentir divers sentiments à son égard.
Docteur_Jivago
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le 15 oct. 2014

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