La France, elle pleure !

Ah les journaux télévisés et leur volonté d'annoncer la vérité au peuple... enfin leur vérité. Oui, Dumont propose une satire du monde de l'information, où celle-ci fait plus office de divertissement se devant de faire un maximum d'audience, quitte à tricher avec le montage, quitte à faire dans la larme facile, quitte à être complètement hypocrite. Les séquences de guerre ou la traversée avec les migrants réussissent pleinement à appuyer le côté satire de l'ensemble. Et s'il y a une bavure dans toute cette imagerie bien rodée, ce n'est pas grave ; les gens seront passés très vite à autre chose tellement ils étouffent sous les infos, l'une écrasant à la vitesse de la lumière l'autre. Dans cette dernière optique, il y a juste le truc du micro non coupé au mauvais moment qui désespère par son manque d'originalité.

De plus, notre présentatrice vedette de personnage principal a un burn out, crée en bonne partie par la pression de la célébrité, par l'impression de vacuité de son métier tel qu'elle l'exerce et, en conséquence, de l'image qu'elle incarne.

Là où l'ensemble va pêcher un peu à ce niveau-là, c'est que les relations entre elle et son mari (mal joué par un apathique Benjamin Biolay, mais c'est une habitude avec lui !) et entre elle et son assistante (jouée par Blanche Gardin, à qui l'histoire ne donne pas autre chose que quelques plaisanteries un peu lourdes ; c'est regrettable, car leur première scène ensemble, à l'Élysée (avec Macron en caméo involontaire !), semblait suggérer une complicité qui allait faire pour pas mal dans l'essence du film !), toujours fascinée et admirative de sa patronne, ne sont pas ou très peu exploitées alors qu'elles auraient pu apporter de la profondeur. Pareil pour l'amoureux qui apparaît d'une façon trop sporadique pour bien imprimer le tout, pour lui donner une véritable utilité.

Autrement, Dumont aime les cassos et ne se prive pas d'en inclure dès qu'il le peut. Mais ce n'est pas totalement gratuit, car les scènes qui les intègrent soulignent combien France n'est pas du tout faite pour la charité ou que malgré les épreuves que ne manque pas de lui infliger sadiquement la vie, même si elles lui font prendre conscience de beaucoup de choses, elle ne changera jamais au fond.

Bref, un peu trop fourre-tout quand ça s’embarrasse de caractères secondaires inutiles ou peu creusés, France parvient tout de même à marquer des points quand il s'occupe de son regard acerbe sur les médias et de celle qui en incarne principalement ici les défauts ; portrait de femme pas trop mal composé par l'écriture et pas trop mal interprété (pour une fois !) par Léa Seydoux. A noter, pour finir sur une autre note positive (OK, je sors !), que le regretté Christophe donne une BO assez percutante, plongeant bien dans l'ambiance sinistre de la psychologie de la jeune femme.