Voyage d'une plume à travers l'Amérique.

Enorme succès public et critique, récompensé de nombreuses fois, "Forrest Gump" est l'exemple typique de bête à Oscars dont on aime se moquer, tant elle tend le bâton pour se faire battre, notre cynisme se faisant une joie d'oublier ses qualités indéniables pour mieux se repaître de sa naïveté.

Tiré du roman éponyme de Winston Groom, et proposé dans un premier temps à Terry Gilliam et Barry Sonnenfeld, "Forrest Gump" revêt certes les atours de la gentille fable, narrée du point de vue enfantin d'un simplet, mais le fait avec une certaine malice et porte un regard amusé sur les faits racontés.

Comme il l'avait déjà fait avec sa trilogie "Retour vers le futur", Robert Zemeckis semble prendre plaisir à jouer avec l'histoire américaine, à la déformer à sa guise, son héros se retrouvant au coeur même d'évènements ayant marqué à jamais l'inconscient collectif. Une approche amusante et romanesque, malheureusement maladroite sur certains aspects, notamment dans la description du mouvement contestataire, les divers opposants au conflit Vietnamien passant vraiment pour des abrutis.

Tombant parfois dans les clichés (la crispante Jenny faisant toutes les conneries imaginables) et l'abus de bons sentiments (défaut surligné par la partition trop oscarisante d'Alan Silvestri), "Forrest Gump" reste cependant un divertissement parfaitement orchestré par Zemeckis, accomplissant une fois de plus des prouesses derrière la caméra, tout en proposant un récit à la fois touchant, drôle et palpitant.

Vecteur principal d'une émotion à fleur de peau, Tom Hanks est tout simplement prodigieux dans le rôle-titre, aussi attendrissant que déterminé, ne se contentant pas de jouer les benêts mais apportant une vraie complexité à un personnage casse-gueule. A ses côtés, vogue une galerie de seconds rôles attachants et hauts en couleur, dont on retiendra surtout le vétéran du Vietnam incarné avec talent par Gary Sinise.

Bourré de défauts et souvent maladroit, "Forrest Gump" est cependant un spectacle familial dans le bon sens du terme, une épopée mêlant humour et émotion avec efficacité, parfaitement interprétée, mise en scène avec maestria et portée par des standards rock inoubliables.

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le 28 févr. 2015

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Gand-Alf

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