Dans ma (re)découverte de la filmographie du maître John Carpenter, Fog faisait partie des œuvres manquantes à mon palmarès avec Starman, Les aventures d’un homme invisible, Los Angeles 2013 et The Ward. Il était temps de remédier à ce manque et de découvrir ce film devenu culte au fil des décennies.
Nuit et Brouillard
Nous sommes le soir du 20 avril 1980. Autour d’un feu, un vieux marin raconte à de jeunes enfants, une histoire de fantômes basée sur la création de la ville d’Antonio Bay. Le 21 avril, à minuit, ils doivent revenir pour prendre les âmes des habitants de la station balnéaire.
Ainsi débute le nouveau conte de John Carpenter, écrit avec sa productrice Debra Hill. C’est un bedtime story, à regarder tranquillement sous son plaid avec un chocolat chaud et des marshmallows.
Une affaire de famille
Après le classique Halloween, Fog fait figure d’une douce pause récréative.
On retrouve Jamie Lee Curtis dans un rôle très éloigné de celui de Laurie Strode. Une jeune femme en route pour Vancouver, qui tombe sous le charme du rustre et protecteur Tom Atkins. Le premier rôle est attribué à Adrienne Barbeau, la femme de John Carpenter. C’est sa première apparition au cinéma. Elle va jouer dans deux autres films de son mari, New York 1997 puis The Thing. Elle interprète une femme forte, indépendante et célibataire, qui a quitté la ville de Chicago avec son fils pour le calme de cette station balnéaire. Janet Leigh complète ce trio féminin. L’actrice de Psychose d’Alfred Hitchcock joue le rôle de la maire de cette ville. Elle est la mère de Jamie Lee Curtis.
C’est le portrait de trois générations de femmes, qui se retrouvent confrontées à ce brouillard où se dissimule des fantômes venus se venger et reprendre possession de leurs biens.
Le côté obscur de l’Amérique
La ville d’Antonio Bay s’est érigée sur les cadavres d’une colonie de lépreux, comme l’Amérique sur celui des amérindiens. Ils ont aussi été dépouillés de leur richesse. La commémoration de la naissance de cette ville coïncide avec celui de ce massacre, comme c’est le cas pour le Columbus Day.
Les similitudes avec l’émergence de cette Amérique ne sont pas le fruit du hasard. A travers ses œuvres, John Carpenter ne se contente pas seulement de nous raconter une histoire mais de parler aussi de cette Amérique, celle qui s’est construite dans le sang et les dollars.
L’église est une des cibles privilégiées du réalisateur. Au début, elle est présentée comme un refuge. Dans ses murs, le père Malone (Hal Holbrook) va trouver le livre d’un de ses ancêtres. A sa lecture, il découvre le terrible secret et la malédiction qui pèse sur la ville. L’église n’est pas un sanctuaire sacré mais l’instigatrice de ce crime. Elle a du sang sur les mains et de l’or entre ses murs.
Les dents de la brume
A la lecture des différentes critiques et interprétations du film, je ne constate aucune référence à Les Dents de la Mer de Steven Spielberg.
Pourtant, le film regorge de similitudes. L’action se déroule dans une station balnéaire. Une célébration doit se dérouler pour les cent ans de sa création. Une menace invisible plane sur ses habitants. Le trio Adrienne Barbeau, Jamie Lee Curtis et Janet Leigh remplace Roy Scheider, Richard Dreyfuss et Robert Shaw. On peut même se dire que Tom Atkins est le pendant masculin de Lorraine Gary. Par ailleurs, on peut apercevoir le squelette de la mâchoire d’un requin, ce qui semble des plus normal dans une ville en bord de mer.
A moins que ma passion pour ce classique du cinéma américain des années 70, ne m’influence et ne me permette pas d'être objectif, mais cela ressemble tout de même à un remake légèrement horrifique.
Enfin bref…
Fog est un film mineur dans la riche filmographie du maître John Carpenter. C’est une intéressante allégorie du génocide amérindien, dont l’aspect (sop)horrifique est moins convaincant.