Un des acteurs les plus inexpressifs de la planète cinéma (ce qui n’est pas forcément un défaut lorsqu’on parle de Ryan Gosling) a été choisi pour incarner le premier homme sur la Lune. Damien Chazelle débute l’histoire de Neil Armstrong au moment de la mort de sa fille et avant que celui-ci ne devienne candidat à la mission Apollo 11. S’ensuit le récit de l’homme le plus triste du monde et donc seul apte à se rendre sur son satellite. Ce qui ressort de cette odyssée de l’espace, c’est que pour aller sur la Lune, il ne faut pas avoir peur de mourir, ne pas craindre de ne plus voir sa femme et ses enfants ou de perdre ses amis. First man n’est plus l’histoire d’une conquête spatiale mais celle d’une dépression bien terrestre que l’on tente d’oublier en se donnant un objectif dénué de sens.
On peut déplorer que Damien Chazelle n’ait pas plus insisté sur ce versant politique et cette vaine querelle avec l’URSS qui se résume à aller sur la Lune pour montrer qui a les plus gros muscles. Ceci dans des conditions plus qu’aléatoire, les astronautes eux-mêmes sans cesse inquiets à l’idée qu’un des boulons de la carlingue ne lâche et menace à tout moment de désosser le vaisseau. Jusqu’au fatal accident qui n’étonne personne.
First Man assoit la stature de Damien Chazelle comme grand réalisateur à défaut d’être –pour l’instant- un grand auteur.