Il y aura eu le documentaire, Apollo 11, et il y aura eu la fiction, First Man, le premier homme sur la lune de Damien Chazelle. Pas de doute, pour les 50 ans du premier alunissage et des premiers pas de l'homme sur notre satellite, le cinéma américain a voulu marquer le coup. De même que la NASA qui se sera montrée plus présente ces deux ou trois dernières années en terme de marketing.
En offrant à Chazelle ce film, nous étions quand même curieux de voir comment le cinéaste de Whiplash et La La Land allait se débrouiller, sortant quelques peu de certaines habitudes et thématiques (notamment, pourrions-nous penser, du monde du spectacle).
Mais la conquête de la lune est un véritable spectacle. Et les astronautes qui vont tenter de la conquérir en sont des stars. Loin de vouloir aborder le sujet sur le thème de la glorification, First Man s'intéresse avant tout à la petite histoire de Neil Armstrong, sa vie personnelle avant ses premiers pas posés sur la lune.
On y découvre un personnage assez silencieux, discret (pas étonnant que Gosling ait été choisi pour le rôle tant son jeu correspond parfaitement à Armstrong), ayant connu un grave événement familial avec la perte d'un de ses enfants, sa fille qui n'avait pas encore trois ans, d'une tumeur au cerveau.
Armstrong sera complètement transformé par ce décès et par ce deuil qui lui semblera impossible. Dans le film, nous voyons l'astronaute s'éloigner vers un cratère pour ce que le film présentera comme un instant de recueillement, un instant où l'homme essaiera de faire le deuil de cette tragédie. Dans la réalité, Armstrong s'est également éloigné vers un cratère et nul ne sait ce qu'il y a fait. Comme on ne savait pas non plus ce qu'il avait amené avec lui sur la lune.
Bref, ce choix de traiter l'un des plus grands tours de force technologique par une vision intimiste des choses me semble très réussie. L'oeuvre garde toujours en arrière-fond cette tragédie et ce deuil impossible, permet également de voir qu'il fallait une grande force pour être la femme d'un pilote (le rôle joué par Claire Foy y est important également), permet de constater qu'entre Armstrong et Aldrin, ce n'était pas le grand amour, etc.
Je ne sais pas à quel point le film se veut original au bouquin mais Chazelle parvient en tout cas à traiter ce sujet en le rattachant à ses thèmes de prédilection. Le plan final est également une signature, celle de deux personnes qui se regardent en silence, séparées par quelques chose, par des aléas de la vie.