La réalité est souvent plus belle que la fiction. Neil Armstrong est pour moi comme pour tous ceux de ma génération une légende absolue. Je faisais partie des 400 millions à écouter le récit de l'alunissage en juillet 1969 à l'âge où j'étais encore en culotte courte et comme pour ceux qui ont vécu ça, le souvenir est resté inoubliable. Damien Chazelle a le bon goût de montrer Armstrong comme le mythe qu'il est devenu, sous les traits de Ryan Gossling, peu ressemblant physiquement mais impressionnant de calme et de concentration comme son modèle. Il montre aussi la fêlure cachée d'Armstrong : le décès de sa petite fille, ce qui rend ainsi du même coup le héros plus proche et plus humain.
Buzz Aldrin, le « deuxième homme » indissociable d'Armstrong, est brièvement dépeint comme un opportuniste bavard, et n'est pas tellement à son avantage en comparaison d' Armstrong, modeste et peu loquace.
Fort heureusement Damien Chazelle ne néglige pas la technique et montre avec un grand réalisme les difficultés rencontrées dans la mission Gemini 8 où l'engin devenu fou s'était mis tout d'un coup à tournoyer comme une toupie. Armstrong, à la limite de la perte de connaissance, arriva grâce à son sang-froid à rentrer sur terre en allumant les rétrofusées RCS. Cette séquence est la plus forte du film, plus que l'alunissage dont on connait déjà tous les détails.
L'incendie fatal à la mission Apollo 1 (Grissom, White et Chaffee) est lui aussi évoqué avec émotion et avec des effets spéciaux impressionnants, ce qui nous fait partager l'autre vrai défi des astronautes qui avaient toujours en montant dans la fusée la présence silencieuse de la mort de leurs copains.
Mais le plus impressionnant restera les vues de la surface de la Lune, un spectacle magnifique qui fait remonter nos plus anciens souvenirs et qui à lui seul, justifie de voir le film.