Le film est un point de vue artistique et personnel hautement pertinent sur l'aventure la plus extraordinaire de l'histoire de l'humanité. C'est aussi un portrait psychologique fin et authentique de ce héros programmé mais non prédestiné, à l'ère de la technique, cette machine qui rend les individualités superflues, ou plutôt qui les entraîne dans son sillage ou en fait les objets esthétiques interchangeables gravitant autour d'enjeux géopolitiques massifs et lointains.
L'oeuvre n'ignore pas les critiques du programme Apollo, mais démontre que le dépassement incarné par la conquête lunaire nous ramène finalement à cette humanité la plus commune, que nous partageons tous, et peut s'analyser comme une quête, un exorcisme destiné à chasser nos angoisses de modestes terriens, à justifier nos sacrifices, à combler nos pertes en repoussant les frontières, en ouvrant de nouveaux horizons.
Neil Armstrong est aussi l'archétype du rêve américain tel qu'il était vendu dans ces temps pas si lointains : à la fois américain moyen (travailleur, famille lambda) et oeuvrant vers l'exploit, à la limite de l'excès, une personnalité à la fois conforme et atypique, finalement un humain lambda auteur de la plus grande prouesse de l'histoire de l'humanité... Les missions lunaires du programme Apollo s’échelonneront jusqu’en 1972, mais Neil Armstrong restera à jamais le premier.