Damien Chazelle et Ryan Gosling déifient le premier homme à avoir jamais foulé le sol lunaire, Neil Armstrong. Un film presque documentaire, froid et clinique, filmé à l'épaule. Les scènes de pilotage sont extraordinaires, notamment la séquence d'ouverture qui à elle seule est un magnifique hommage à 2001: L'odyssée de l'espace ainsi que l'alunissage, paroxysme du courage spatial.
Ce film un peu long (2h20), aux musiques parfois assourdissantes et teinté d'un mélodrame familial envahissant est efficace car anxiogène. Mais comment ces hommes ont-ils pu monter dans ces carcasses de fer et de boulons? Au-delà des prouesses technique, c'est la prouesse du génie humain qui est mit en exergue. Grâce à son image léchée et granuleuse, First Man emprunte la voie en somme assez classique du biopic dont la star n'est pas la lune mais l'homme qui va y poser le pied. Et on peut dire que le jeu minéral de Ryan Gosling sacralise un individu supérieur à tous les autres.
Neil Armstrong n'a jamais eu besoin d'aller sur la Lune, il y est né. Neil c'est un homme discret et appliqué, un pilote sans esbroufe, un ingénieur sans suffisance, un leader sans vanité. Mais à l'intérieur de cet être taiseux et d'apparence terne se cache un homme d'exception constamment à la recherche de l'horizon, les yeux braquées vers les étoiles. En allant sur la lune, Neil se moque d'être le premier, il se moque de devenir un héros. Il le fait avant tout pour lui-même, dans une quête constante de la transcendance. Peu-être y voyait-t-il l'accomplissement du genre humain, une rédemption salvatrice. Il n'y est jamais retourner. Il a dû trouver ce qu'il était venu chercher. Et cela lui a suffit.