Aujourd'hui mercredi 17 octobre 2018, je me suis empressée d'aller voir First Man, le nouveau film de Damien Chazelle. Ses deux premiers films avaient réussi à toucher des émotions en moi dont je ne connaissais pas l'existence.
Si Chazelle arrive autant à nous captiver dans ses films c'est parce qu'il fait en sorte que quiconque puisse s'identifier à ses personnages. Andrew Neiman dans Whiplash, jeune batteur qui souhaite se faire une place parmi les plus grands malgré la violence psychologique que son professeur lui fait endurer ou encore Mia Dolan dans La La Land, qui rêve de devenir actrice mais qui se rend compte que son parcours risque d'être semer d'embuches...
Nous rêvons tous. Il suffit de lever les yeux au ciel, un soir, et de contempler les étoiles pour laisser nos rêves nous envahir et d'imaginer ce que serait l'espace, univers si mystérieux pour nous tous.


First Man n'est pas un film sur l'espace à proprement parler. C'est un film sur un homme, Neil Armstrong, et de sa quête de l'espace qui s'avère extrêmement éprouvante tant psychologiquement et physiquement pour lui et sa famille.
Le film se passe en majeure partie sur la Terre. Si on veut voir un film sur l'espace avec des paysages époustouflants, nous regardons Gravity et mieux encore Interstellar. First Man se base surtout sur l'avant 1969, puisqu'il ne consacre qu'une vingtaine de minutes à l'alunissage.


Ce que ce film fait comprendre au spectateur et que l'on voit très peu dans les documentaires, c'est la dimension psychologique de ces missions. En plus d'être physiquement éprouvantes, elles sont extrêmement difficile mentalement. Armstrong voit ses amis mourir dans différentes missions, la pression sociétale se fait ressentir de plus en plus, les gens ne soutiennent pas la NASA pensant jeter leur argent par les fenêtres alors qu'il y a tant de problèmes sur Terre.


Chazelle porte énormément d'importance à Janet Armstrong qui vit un calvaire en essayant d'élever ses enfants seule et en voyant son mari partir sachant qu'il ne pourrait jamais revenir. Elle voit les maris de ses amis mourir les uns après les autres à la suite des missions.
On peut voir le coté naif des enfants qui ne se rendent pas compte de la dangerosité des missions auxquelles participe leur père, ce qui contraste avec leur mère qui tente tant bien que mal ne masquer ses inquiétudes. Et oui, quand on est môme, on pense que notre père est immortel.


On arrive à s'identifier à Armstrong alors qu'il est pourtant à l'opposé de nous. Comme lui, nous avons tous déjà rêver d'aller sur la Lune, mais en voyant le film, comme lui, j'ai très vite déchanté en voyant le parcours qu'il faut mener pour atteindre ce rêve. Et la réalisation y est pour beaucoup.
La caméra bouge énormément lorsque les personnes sont dans la capsule de la fusée, on ressent leur souffrance, des lumières s'allume, le bruit est permanent.
En nous attachant au personnage tout au long du film et en nous identifiant à lui, nous arrivons à ressentir chaque étape du voyage. La capsule s'élève, puis le ciel se noircit, on passe l'atmosphère et puis... le silence. L'espace. Le noir complet. La sensation d'avoir réellement quitté la Terre.
C'est bien la première fois qu'un film qui se déroule dans l'espace me fait ressentir ça. On a la sensation d'être dans cette capsule à la place d'Armstrong, on ressent chaque kilomètre qui nous éloigne de la Terre.


Le réalisme de ce film est dingue. On peut d'ailleurs l'apercevoir sur les fusées qui ont des petits accrocs, comme des jouets d'enfants. On peut d'ailleurs se demander comment ils peuvent quitter la Terre et pire encore, aller sur la Lune avec des coucous pareils.


Le jeu d'acteur de Ryan Gosling est parfait. On lui a souvent reproché un jeu très fermé et sans émotion. Dans ce film, (et déjà dans La La Land) il nous étonne et montre une autre facette de son jeu. Il arrive à transmettre le coté très humain de Armstrong qui puise sa force dans l'amour qu'il porte à sa défunte petite fille qui lui permet d'avoir un sang froid remarquable lorsqu'il pilote. Mais comment ne pas parler de Claire Foy qui, même si elle n'a plus rien à prouver, est remarquable et touchante dans ce rôle.


Ce film est magnifique de beauté, de réalisme et de simplicité. La musique de Justin Hurwitz est comme d'habitude magnifique. Le montage de Tom Cross impeccable et arrive à nous captiver pendant 2h 30. Ce film n'a pas été écrit par Chazelle contrairement à ses précédents long métrages mais il arrive à mettre sa patte à un film qui aurait pu être bien plus banal. Chapeau l'artiste.

Paupau_crts
8
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le 17 oct. 2018

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