Quatre années après un Full Metal Jacket sauce Jazzy, le fabuleux Whiplash, et seulement une après le triomphe La La Land, le prolifique, du moins j'ai l’impression qu'il le devient, et doué Damien Chazelle nous revient avec un nouveau projet, une fois encore très ambitieux, celui du premier homme sur la lune.


First Man, sur le papelard, c'est du blockbuster bien hollywoodien porté par une star aimé du pays des donuts. Sauf que derrière ce projet, ce n'est pas James Wantmoney qui se cache, mais bien le timide Chazelle.
Après avoir rendu hommage aux comédies musicales qu'il aime temps, avec un film que je n'ai personnellement pas porté au rang de culte, il décide de s'attaquer à l'intimité d'un mythe, du premier humain extraterrestre si j'ose dire, puis bon même si j'ose pas, je fais un peu ce que je veux.
Loin du torrent d'américanisme et de l'égotrip habituel, d'ailleurs le fait de ne pas filmer le planté de drapeau a été considéré par certains comme anti-américain, ridicule, car la démarche ne peut qu'être applaudite, oui je suis féministe.
Ainsi nous voici propulsé, certaines scènes justifient ce mot, dans l'histoire, l'histoire d'un pays, du monde entier d'ailleurs. D'un point de vue personnel la visite d'autres planètes et peut être dans le futur, systèmes, n'a pas ma voix, l'humain a suffisamment détruit la planète terre pour mériter d'en détruire d'autres.
Là n'est pas le sujet, certes. Le sujet c'est l'homme qui a fait le premier pas et cité la réplique qu'on connait tous, du moins j'imagine. Neil Armstrong. Ce nom qu'il est étrange d'entendre porté par Ryan Gosling, aussi impeccable soit-il. Chazelle nous fait pénétrer au cœur du cocon familial de l'homme, avant le héros. J'ai appris pour sa fille décédée, chose dont je ne connaissais rien, tout comme le reste, sa famille, ses amis, son comportement, puis les tests, le parcours avant cette scène gravée dans la poudre spatiale, le fameux alunissage, (réalisé par Kubrick dans le désert bien sûr...)


Un film intimiste avec de gros moyens, voilà comment je qualifierais ce film, avec à son bord un casting fou, hors la tête blonde d'affiche nous retrouvons la superbe Claire Foy et la joyeuse bande d'acteurs géniaux, Kyle Chandler, Corey Stoll, Jason Clarke, Ciarán Hinds, Shea Whigham et j'en passe.
Sous une bande son prenante, presque indispensable au film, une photographie granuleuse et désaturée, jouant d'ailleurs beaucoup avec la lumière, rien que le reflet dans les yeux de Ryan alors qu'un noir absolu entoure le reste de l'écran, c'est pas dégueux, Chazelle livre un portrait unique de l'homme qui parlait à l'oreille de la lune, mais chut, parce que le soleil ne le sait pas !
Ce gros caillou poussiéreux, ce rêve d'une équipe, de cet homme, de ce père en deuil, ce rêve inutile qui a coûté bien des ronds, est brillamment filmé dans un style shaky cam judicieux, nous plongeant ainsi au cœur du récit. Récit très découpé, proche d'un Malick dans certaines scènes, familiale surtout. Chazelle se concentre sur l'important du parcours de l'homme, professionnellement et intimement, si tant est que pour cet homme les deux pouvaient être séparés.


First Man marque une fois encore la carrière du jeune américain, pas de sa plus belle œuvre, qui reste pour l'instant à mes yeux Whiplash, mais prouve qu'il a des choses à raconter, et qu'il le fait bien. A l'ancienne en plus, sans CGI, maquettes et fond en panneaux numériques uniquement.
Malgré tout cela, First Man reste un film sur un parcours, un parcours qui a des hauts et des bas, ainsi le film malgré son montage rythmé peut perdre l'attention à quelques reprises, sans pour autant qu'on l'accable. L'émotion n'est pas non plus ce que j'y ai trouvé de plus intéressant, encore une fois de ce côté, la musique joue un gros rôle.
Un testament honorable et bien exécuté sans pour autant se passer de quelques failles.


J'ai écrit cette critique et l'homme blanc a été sur la lune.

-MC

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