La volupté du conformisme

Drôle de film que ce Fin d'automne de Ozu. Je suis tombée dessus par hasard, bien des années après avoir assiste à d'autres de ces films en noir et blanc. Splendeur assez spectaculaire et désuète des couleurs, qui n'est pas sans rappeler, dans son artificialité naturaliste, celle du Narcisse Noir. Mais je ne m'étalerai pas plus avant sur la maîtrise de la composition, de la caméra tatami et de la maîtrise plastique, qui sont bien visibles et agréables à tous.

Ce qui m'a marqué dans cette œuvre, ce n'est pas tant l'impeccable montage que l'atmosphère à la fois détendue et terrible qui s'installe à mesure que le film avance, sans jamais quitter son ton comique et évasif. L'atroce vérité de ce film est d'assister à trois personnes bien intentionnées et maladroites œuvrer pour changer la destinée d'une autre ; avec une sorte de trahison de son amie, qui s'implique dans le gentil complot. Spectaculaire démonstration que le conformisme peut être voluptueux, ou en tout cas tellement moins inconfortable que la résistance.

Dans le même mouvement, on pressent la fin de ce modèle, qui semble presque tourner à vide, notamment lors de la scène de la séance photo. Tant d'amour mêlé à tant de pression sociale. Le ton comique ne fait qu'accentuer cette espèce d'angoisse presque contente, d'où ressort une conscience aiguë des comportements collectifs. Bref, un film superbe, drôle et intelligent, tendre et finalement très pragmatique.