Il paraît que la boxe, c'est un sport cinématographique. Stallone, De Niro, Crowe, Smith, ont déjà sué sang et eau sur les écrans pour nous prouver que la boxe, c'est génial, c'est viril, qu'il faut de la tactique, de la ténacité pour réussir à faire voler le protège-dent de l'adversaire et le mettre au tapis.

Et bien, ce film prend le contre-pied. C'est un film qui fait l'éloge de la boxe comme un sport télévisuel, en commençant par une équipe de HBO qui vient faire un reportage sur l'ex-champion de Lowell, trou perdu du Massachussets incarné par Christian Bale devenu addict au crack. Et les combats du frérot, incarné par Mark Wahlberg et son regard vide habituel, sont tournés comme des combats télévisuels, avec des incrustations moches avec le résumé des combats précédents. C'est une publicité constante pour la chaîne HBO et on s'en carre pas mal à vrai dire.

Le film n'a aucune tension dramatique, on se doute bien qu'il va y avoir un gros combat final et que le héros va arriver à se sortir de l'ombre envahissante de son frère-entraîneur-ex-champion-délinquant et de sa mère poule-manageuse qui fait régner sa loi sur tout le gymnase et s'affirmer enfin et avoir gloire, amour, beauté. De toute façon pourquoi ils se seraient embêtés à faire un biopic sur un film sur un type qui perd lamentablement à la fin ? Les Américains aiment les histoires de gens qui réussissent à la sueur de leur front. Et qu'est-ce qu'ils transpirent dans ce film. C'est le festival du T-shirt mouillé.

Finalement, il n'y a que deux personnages qui se détachent. Christian Bale, habitué aux prestations à Oscar, amaigri, le regard fou, mange toute la pellicule. La mère possessive entourée par le choeur des soeurs et demi-soeurs, telles des érinyes vengeresses, est assez drôle.

Mais tout cela est convenu, le thème cher des films américains, la rédemption, passe assez mal, cela manque de lyrisme et de véritables enjeux (Ali avait toutes les revendications politiques des années 60 en arrière plan, De l'ombre à la lumière, la crise économiques des années 30, Rocky celle des années 70, Raging Bull, l'apogée et la déchéance d'une vie pleine d'excès, Million Dollar Baby, l'idée de la transmission et de l'affirmation d'une femme au sein d'un sport éminent machiste).

De plus, venant de voir le Wrestler, il n'y a pas longtemps (même si le catch n'a pas grand-chose à voir avec la boxe, à part que cela se passe sur un ring et qu'il y a deux types en short), je trouve que ce film n'arrive pas à faire passer la sensation de la violence physique extrême des coups, du sang, des corps qui souffrent. Mark Wahlberg guérit toujours très vite et sans aucune cicatrice. Bizarre. Cela n'aide pas à s'attacher à son personnage.

En résumé, un film pleine de sueur, de sang et larmes, mais qui se noie un peu dans sa triste banalité. Mais, pour une fois, le héros irlandais, n'est ni alcoolique,ni flic, ni voyou, ni pompier.
Socinien
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le 10 mars 2011

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Socinien

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