Critique rapide de "Fenêtre sur cour" d'Alfred Hitchcock


Hitchcock est considéré comme l'un des plus grand réalisateurs de tous les temps et comme le maître du cinéma classique. Il sera reconnu comme un auteur grâce à son style très reconnaissable. Au cours de ses différentes réalisations filmiques, il a réussi à créer de tout nouveaux concepts qui sont toujours fort utilisés aujourd'hui au cinéma. A lui seul, le cinéaste en quelque sorte créer de nouvelles théories sur le 7e art. Hitchcock a réalisé cinquante-huit films étant quasiment tous considérés comme des réussites complètes et ce grâce à toutes les notions qu'il a su exploiter du mieux possible au cour de sa carrière. "Fenêtre sur cour" va nous servir ici d'exemple sur lequel reconnaître le style du cinéaste. Il ne fait aucun doute que ce film est un chef d'oeuvre, aussi je ne vois pas quoi dire de plus sur son statut plus que justifié mais j'espère ici cerner quelques points centraux d'analyse qui justifieraient la réussite de ce long-métrage de 1954.


A noter qu'il est préférable d'avoir visionné le film avant de lire ce qui suit car j'en révélerai les grandes lignes du scénarios vous voilà prévenu.


L'un des concepts les plus frappants dans la filmographie de ce réalisateur est sans aucun doute le thème du voyeurisme touchant souvent le personnage principal du récit présenté. Comme énoncé précédemment "Fenêtre sur cour", sans doute l'une de ses oeuvres cinématographiques les plus populaires, en est un parfait exemple étant donné que ce thème est présent tout au long du film. Le personnage du photographe Jeff Ferreries se retrouve contre son gré prostré chez lui à cause d'un malheureux accident lui ayant coûté une jambe plâtrée. Le surcadrage sera évidemment au centre du film du fait évident des choix de mise en scène de Hichcock. Ferreries passe alors la majeur partie de son temps devant sa fenêtre à observer ses voisins à l'aide de son appareil photo. Il est dans une situation dite de "castration symbolique", à l'instar du personnage au doigt coupé dans "Les 39 Marches", un autre film d'Alfred Hitchcock. Il est faible et incapable de réellement se déplacer et décide donc d'occuper son temps à "l'espionnage" de son voisinage. Le réalisateur va donc justifier ce voyeurisme de la part du personnage principal par la castration symbolique, part le fait que le sujet est symboliquement interdit de désirer. Ce thème du voyeurisme est ici souvent exposé par une caméra subjective reflétant la vision de Jeff Ferreries à travers son appareil photo. Par ce procédé, nous spectateurs, devenons également des voyeurs et nous sommes d'une certaine manière acteurs du récit car nous nous retrouvons dans la même position que le personnage principal. Notre seul point de vue sera en effet celui de Jeff en plâtre bloqué dans son appartement. Nous n'en saurons jamais plus que lui et ne verrons que ce qu'il voit. Nous participons au voyeurisme sans nous en rendre compte.


Intéressons nous à présent à un second concept dominant chez Alfred Hitchcock : le MacGuffin. Il s'agit d'un objet (en général d'origine matériel) d'apparence peu importante mais qui aura un intérêt pour résoudre l'intrigue d'un film ou simplement pour faire avancer le récit. Il s'agit de quelque chose d'important pour les personnages qui vont souvent vouloir le chercher. Il permet de diriger ces derniers dans une direction précise pouvant guider le récit et n'est important que pour eux. L'un des exemples les plus connus de cette notion dans la filmographie de Alfred Hitchcock est sans doute la bague du personnage de l'oncle Charlie dans "L'Ombre d'un doute" sortit en 1943. Cependant il est loin d'être le seul de ses long-métrages à y avoir eu recours. En effet "Fenêtre sur cour", produit 11 ans plus tard possède également un élément pouvant se qualifier de MacGuffin. Celui-ci est matérialisé par l'alliance de la défunte femme du voisin d'en face de Jeff Ferreries. Lorsque le personnage de Lisa réussi à voler l'objet elle permet alors de faire accuser Lars Thorwald du meurtre de sa femme. Cette bague fait partie d'une collection de plusieurs bijoux appartenant à la défunte qui n'apparaissent qu'une fois en début de film. C'est au final une notion assez semblable à ce que l'on appelle « le Fusil de Tchekhov ». Ce procédé veut démontrer que chaque objet apparaissant dans un film doit avoir une signification qui reviendra plus tard. Comme vous vous l'imaginez vous même ce concept popularisé par Hitchcock s'est vite démocratisé au Cinéma et je suis certain que vous avez en ce moment un certain nombres d'exemples vous venant à l'esprit. Preuve de l'influence de ce réalisateur sur le domaine artistique cinématographique mais aussi sur l'imaginaire collectif.


Hitchcock nous offre avec "Fenêtre sur cour" une oeuvre de Cinéma monumentale maîtrisée de bout en bout sur laquelle il semble difficile d'y trouver des éléments ne tenant pas la route. Chaque instant, chaque image semble culte dés le premier visionnage. Rare sont les long-métrages nous donnant le sentiment d'être face à ce que l'on appelle un chef d'oeuvre presque dans l'immédiat. Pourtant c'est bien le cas ici dans ce film n'ayant pris aucune ride malgré ses presque 70 bougies.


En conclusion le réalisateur Alfred Hitchcock est un réalisateur sachant parfaitement allier ses différents concepts pour former un tout et est l'une des plus grande figure de toute l'histoire du cinéma. "Fenêtre sur cour" est l'une de ses plus belles réussites parmi une filmographie déjà garnie de chef d'oeuvres

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