Méconnu ? Sous-estimé ? Les deux ! Mais c'est sûr : EXCELLENT !
F.I.S.T. est certainement l'un des films les moins connus de Sylvester Stallone qui fait partie de ceux qui mériteraient de l'être beaucoup plus.
Pourquoi ? Tout simplement parce qu'on y trouve un scénario intéressant, bien emmené par un Stallone qui justement surprendra ici beaucoup de ceux qui l'ont classé au rang d'un simple acteur "actioner". Le film nous montre l'ascension d'un simple ouvrier jusqu'à ce qu'il devienne l'une des têtes puis la tête d'affiche d'un syndicat dont il finira par prendre la place de numéro 1 pour faire de celui-ci l'un des plus influents et puissants du pays.
Johnny Kovak connaît donc durant tout le film une ascension irrésistible mais le problème c'est qu'en chemin, il donnera sa confiance ou plutôt son feu vert (car l'on sent toujours qu'il garde une méfiance) à des personnes qui vont petit à petit, le mener à sa perte.
Inculpé, Johnny Kovak se retrouve doucement mais sûrement désarmé alors qu'il semble au sommet et plus populaire que jamais. Jusqu'à ce qu'il soit impossible pour lui d'échapper à sa fin tragique. Car là est le drame. Trop tardivement alors que la justice par le biais d'un sénateur clairement motivé à faire tomber les sales têtes du syndicat commence à gangrener sérieusement son ouvrage qu'il pensait si beau, il s'éloigne justement, de celles-ci. Ce qui ne leur plait pas. Trop honnête, il ne se servira pas d'eux pour s'en sortir. On le retrouve alors seul à poursuivre le combat devant le sénateur qui s'en tiendra à des faits qu'il ne peut renier pour le faire tomber. Lors de la dernière audition au tribunal, alors que l'étau se resserre autour de lui et que le sénateur entend l'inculper, il lancera une réplique restant pour moi marquante à la fois du sommet et la décadence de l'homme de tête du syndicat : "C'est moi qui vous inculpe ! Votre audition je l'inculpe, Milano je l'inculpe et moi-même je m'inculpe !", quittant les lieux, révolté, dans une belle pagaille. À sa sortie, des centaines d'adhérents l'acclameront en hurlant le nom du syndicat à sa demande "F.I.S.T.". Les derniers instants de gloire pour Kovak qui se retrouve coincé entre la justice et les nécroses qu'il n'aurait pas du laisser agir dans son syndicat et il en paiera le prix fort…
Pourtant, au départ, le mouvement était profondément humain, mais sur de mauvais choix pour lesquels il n'imaginait pas tant de conséquences, le rêve de Kovak s'effondrera totalement et lui avec.
Dans les dernières secondes du film, sur la route, un camion roule. À l'arrière du véhicule, un petit écriteau est collé et on peut y lire : "Where's JOHNNY ?". Norman Jewison semblant vouloir insister sur le fait que la chute du héros aura également laissé orphelins tous les adhérents du syndicat et également signifié la fin de leur rêve, le même que celui de Kovak. Une très jolie image.
Jewison prend le temps de poser son histoire et montrer chaque étape de la vie du personnage. Stallone nous livre une très belle interprétation vieillissant au fur et à mesure que le film avance. Mention spéciale aux maquilleurs auteurs d'un très joli travail avec à la clé un résultat convaincant.
Chose tout aussi bien gérée et étonnante en matière d'évolution, l'histoire commence en 1937 pour nous porter jusqu'à l'entrée années 70 et les paysages se modernisent au fur et à mesure. Cela donne une authenticité toute particulière. Autre point positif : Les seconds rôles sont également consistants et la durée du film laisse le temps de montrer leur personnalité.
Le thème du film est soutenu par la musique de très bonne facture de Bill Conti qui n'est pas un inconnu et du reste habitué à collaborer avec Sylvester Stallone, bien évidemment dans les Rocky mais aussi À Nous La Victoire et Haute Sécurité entre autres.
Les fans de Stallone découvriront leur acteur fétiche dans un registre auquel ils ne sont pas habitués et sûrement avec plaisir. Pour les autres, ce sera l'occasion de réévaluer leur jugement à l'égard d'un acteur qui aurait mérité plus de scripts comme celui-ci durant sa carrière et sans aucun doute d'être beaucoup moins caricaturé car il prouve simplement dans ce film que son jeu d'acteur est tout sauf limité.