Sur les quais, sur les quais et demi mais une belle moitié quand même.
Les films dits "sociaux" font partie des plus difficiles à réaliser, probablement. L'enjeu réside en effet à dévoiler une situation insupportable pour les gens du commun tout en évitant de sombrer dans un excès de pathos propre à donner envie au spectateur d'aller voir dans la salle d'à côté si Michael Bay n'est pas plus intéressant après s'être dit "Oh et puis flûte il en met des bon Dieu couches celui-là". Et il en faut généralement fort peu pour passer de l'un à l'autre, tant la frontière est mince. Étrangement F.I.S.T., sous ses dehors de nanard, remplit très bien la tâche et s'il ne vaut pas un "Sur les quais", n'en demeure pas moins un excellent film de lutte sociale.
F.I.S.T. Donc, nous immerge dans le monde syndical américain dans le milieu des transporteurs, de sa genèse à son passage à celui d'acteur incontournable de la vie publique fédérale. Le milieu des syndicats américains étant en outre méconnu en Europe, l'expérience n'en est que plus intéressante.
F.I.S.T., bien réalisé, relativement long mais suffisamment bien dosé pour que l'on ne s'ennuie jamais et accompagné d'une bonne musique qui se respecte, présente l'ascension de Johnny Kovak, porteur de caisse lambda vers le sommet du monde syndical américain, selon la formule classique mais efficace du "rise and fall", ne changeons pas une formule qui gagne. Et on ne rigole pas. Entre patrons et leurs briseurs de grève, idéalistes et hommes d'affaires purs et durs, le combat se fait sans merci, et les compromis puants ne manquent pas de jalonner la carrière d'un Stallone percutant, à la mesure de son personnage et rien ne semble valoir sa gouaille lorsque celui-ci se lève, imposant, devant un parterre d'employeurs, pour les menacer d'une grève nationale de camionneurs, ou lorsqu'il se déchaînera sur ses juges. L'on notera également une réalisation sobre mais efficace des batailles de rues et embuscades diverses.
Humain et presque complet, F.I.S.T. apparaît une suite informelle de sur les quais, de la migration des luttes syndicales vers les hautes sphères, lorsque le fric finit par pleuvoir en masse, notamment grâce à la coopération de certains gangsters sans qui les grèves n'auraient jamais rien données.
Film d'apparence cheap, F.I.S.T. Passe donc l'examen avec un succès certaine bien que l'on puisse regretter un passage assez vite de la petite bande de syndiqués grévistes à celle de puissante organisation.