eXistenZ
6.7
eXistenZ

Film de David Cronenberg (1999)

Bon et bien ça y est. La grosse déception Cronenberg, la voilà. Et c'est au neuvième long-métrage qu'elle est arrivée.


J'avais découvert le cinéaste par ses plus récentes œuvres. Eastern Promises et History of Violence m'avaient ouvert à l'incroyable psychologie du cinéma Cronenberg puis Dangerous Method, bien qu'un poil décevant, m'avait initié à un nouveau pan de ce cinéma.


Je poursuivais donc mon exploration et m'intéressais cette fois-ci aux premiers films du réal. Et je ne cessais d'être étonné.
Une originalité inouïe anime tous ses films. Cronenberg parvient sans cesse à renouveler son cinéma tout en gardant les même thèmes. Thèmes qui lui sont immédiatement assimilables.


Et donc arrive eXistenZ et arrive la déception. Tout ce que j'aimais dans Cronenberg, je ne l'ai pas retrouvé dans ce film. Alors oui, il conserve une nouvelle fois ces thèmes qui lui sont propres (la mince frontière entre réalité et illusion, le "flesh and bone", la sexualité...) et oui, le pitch est assez novateur et intéressant.


Mais c'est tout. Je m'explique :


Tout d'abord, Cronenberg a, habituellement, un don pour trouver l'acteur parfait pour coller à ses personnages. Christopher Walken, James Woods, Jeremy Irons et Jeff Goldblum étaient tous magistraux dans leur rôles respectifs. Et je ne prendrai même pas la peine d'évoquer Viggo Mortensen. Mais ici, les choix sont catastrophiques. Jennifer Jason Leigh est d'une platitude folle et Jude Law se perd totalement dans un rôle qui ne lui correspond pas. Il faut dire qu'ils sont bien peu aidés par leurs personnages creux et convenus.


Ensuite, au niveau de l'identité visuelle et sonore, le film ne tient encore pas la comparaison face aux autres œuvres de Cronenberg. En général, Cronenberg confère à son film une très forte identité visuelle. Alors après, on aime ou on n'aime pas, mais cela ne laisse pas insensible. Les images glauques et glaciales qu'on lui connaît laissent ici place à une photographie que je qualifierai de terne pour ne pas en dire plus de mal. Les décors sont grotesques et paraissent comme une tentative manquée de refléter l'atmosphère nauséabonde d'eXistenZ. Au lieu de ça, ils en deviennent kitsch voire risibles. En revanche, les animatroniques sont toujours impeccables.
Quant à la musique, il n'y a pas grand chose à en dire tant son utilisation paraît vaine. Elle ne présente pas grand intérêt sans être non plus mauvaise ou nuisible. C'est tout de même dommage quand on est habitué à une bande originale, certes sobre, mais toujours au service de l'image.


Enfin, l'idée de départ, bien qu'intéressante, s'essouffle assez rapidement et ne parvient pas à emporter son spectateur comme elle le devrait. Tout semble fade et est lourdement amené. La fin est, de plus, franchement prévisible, nous fait crier à la supercherie et nous laisse sur un âpre sentiment de "tout ça pour en arriver là".

Dasson
4
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le 16 juin 2012

Modifiée

le 20 juil. 2012

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Dasson

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