J'étais énervé de l'enthousiasme que déclenchait ce film sur les réseaux. De l'extérieur, j'y voyais un bordel tapageur fait de poudre aux yeux.
Il n'en est rien. C'est en effet un film qui m'a fait passer un très bon moment. Un mélange improbable entre Matrix et Crazy Kung-Fu.
Car on trouve ce sens de l'acceptation de l'absurde et ce comique si particulier propre aux comédies de kung-fu. Et au fonds, l'histoire de multivers, qui me repoussait comme un gadget pour attirer les geeks, est assez accessoire, car elle a une dimension de psychanalyse. C'est une exploration de la psyché.
Les trois acteurs principaux, Michelle Yeoh, Ke Huy Quan et Stephanie Hsu sont très attachants et portent le film sur leurs épaules. Mention spéciale à Jamie Lee Curtis dans un rôle qui l'enlaidit volontairement.
Cela fait très plaisir de retrouver des chorégraphies de kung-fu si humoristiques et entrainantes. Cela rappelle aussi, avec énormément de nostalgie, ce qu'a été le cinéma de Hong Kong, et l'horrible destin de ce petit Etat, étouffé par le totalitarisme, depuis plusieurs années. Puisse-t-il sortir un jour des ténèbres.
C'est un film qui plaira beaucoup aux névrotiques, puisqu'il parle du sentiment d'avoir raté sa vie et de l'importance de garder le contact avec les gens qui comptent.
Il serait inutile de tenter de faire le catalogue de toutes les bizarreries que le film vous envoie comme un cadeau. C'est de la surenchère, mais bizarrement il n'y a rien d'agressif, votre esprit apprend à accepter tout ce qui vous est donné, et à faire corps avec le flux.
Chapeau bas aux monteurs, le principal moteur du film étant le montage alterné.
Vu au CGR Agen, on était six dans la salle.