Bon, bon, bon... par où commencer ?
Indéniablement, Everything everywhere all at once ne vole pas totalement sa réputation. Ce film ne ressemble à rien de ce que j'ai déjà vu dans ma (courte) carrière de cinéphile et c'est évidemment un point à mettre au crédit du film. On découvre une proposition de cinéma radicalement novatrice et c'est relativement plaisant à condition d'être ouvert à la nouveauté.
La première moitié du film est sans conteste la meilleure. La découverte du multivers et de son fonctionnement, même si on cherche à ne pas trop nous en expliquer, nous offre des séquences extrêmement mémorables, hilarantes et parfaitement déconcertantes. On perd pied et c'est absolument délicieux.
Le film ne cherche pas à prouver grand-chose hormis qu'il peut nous surprendre, c'est relativement humble et sympathique.
En revanche, gros défaut : toute l'ambition est mise dans le scénario, il ne reste plus grand-chose pour l'aspect visuel, et on doit se taper de pauvres décors pas du tout à la hauteur de l'histoire racontée, comme si un film indé devait obligatoirement se passer dans des rues sombres, des laveries automatiques, de chambres d'hôtel, des open spaces et autres espaces restreints et fermés... Quel dommage !
Malheureusement, plus le film avance, plus il se prend au sérieux...
Et là où la comédie était savoureuse, le drame est tristement réchauffé. Alors que les réalisateurs maîtrisaient plutôt bien le côté délirant, ils s'enfoncent dans les méandres du mauvais goût (jusque-là, encore, ça fait partie du jeu, ils ont le droit même si c'est dommage) tandis qu'ils essayent de nous faire croire que leur concept joyeusement grotesque et littéralement fou peut fonctionner au-delà de la comédie, comme un certain nombre de métaphores douteuses sur l'immigration, les liens familiaux, l'homosexualité, la recherche de soi et le sens de la vie. Autant de thèmes que le cinéma actuel ressasse sans arrêt et sans originalité jusqu'à l'overdose. Et malheureusement, le films des Daniels ne réussira pas à se démarquer par son originalité...
Quand le film veut devenir sérieux, le ridicule cesse d'être volontaire, les dialogues deviennent incroyablement verbeux, et les réalisateurs essayent de nous faire croire qu'on peut tirer des leçons de tout ce fatras sans queue ni tête.
Ce qui avait commencé comme une joyeuse comédie unique dans les annales du cinéma s'achève alors en un gloubi-boulga mielleux, débordant de bons sentiments par tous les orifices, et le génial "Nolan meets Monthy Python" ne ressemble plus qu'à un vague "Aronofsky meets Eric-Emmanuel Schmitt". L'horreur, autrement dit.
Bon, ne nous mentons pas, on a quand même passé un bon moment suffisamment long pour ne pas totalement bouder notre plaisir. De là à concéder au film le titre de "monument génial et unique dans les annales du septième art", il y a un pas qui ne sera probablement franchi dans aucune branche de tous les multivers qui existent.