Un film qui partait sur de bonnes bases mais qui s'est retrouvé anéanti par des défauts minimes qui, assemblés, ont fini par se transformer en une anomalie majeure.

Nous voyons la fausse Esther (Isabelle Fuhrman), Leena de son vrai prénom, lors des évènements précédents le premier opus. Dans ce prequel en effet, l'on voit comment elle s'est démenée pour s'échapper du Saarne Institute en Estonie, et de quel manière la manipulatrice à réussie à rejoindre les États-Unis.

La première partie du métrage est plutôt cohérente mais ça dégringole assez vite malheureusement. Le manque de logique et la facilité visible dans l'écriture du scénario a fait régresser le niveau de qualité de cette œuvre. Le premier volet de la saga s'est voulu dramatique et très réaliste. Alors que dans cette suite, qui n'en est pas véritablement une, nous remarquons quelques grains d'humour qui se sont ajoutés à la conception de l'histoire. Pourquoi pas j'ai envie de dire ! Mais le public n'est pas dupe. Celui-ci voit très bien que la drôlerie est un cache misère qui sert à compenser la tournure scénaristique douteuse sur laquelle je reviendrais dans la partie Spoil.

Dans l'ensemble, le récit n'a rien de mémorable même s'il s'attache concrètement au passé de la démonique trentenaire évoqué dans le premier métrage de deux-mille neuf. Les décors sont jolis surtout ceux des premières scènes qui sont censés se dérouler à l'est de l'Europe alors que les vrais paysages proviennent de la richesse champêtre des paysages canadien. Vu que le film est court (une heure trente-neuf) les séquences s'enchaînent vite et cela se voit sur certains passages minimalistes et malencontreusement sous-développés.

SPOIL

Ce qu'il faut retenir ici, c'est le nombre d'incohérences assez conséquentes qui bouleverse l'équilibre de l'œuvre filmique. Et cela commence dès les premières scènes où l'on voit une patiente de la clinique passer le balai dans le hall du grand établissement. Cette vieille dame est laissée en liberté alors que l'ennemie des Coleman est parvenue, en quelque sorte, à dresser la ménagère qui, à l'entente d'un mot prononcée par la panhypopituitaire, se met à sauter sur les adversaires que la manipulatrice fixe de l'œil. Pourquoi une résidente de l'institut aussi diablement agressive peut-elle demeurer libre de ses mouvements dans les couloirs du bâtiment ? Problème de diagnostic ? Excuse pour justifier l'évasion de madame Klammer ? Bizarre.

La prochaine altération n'est pas une incohérence mais une déception narrative. Nous apprenons effectivement que deux des membres de la première famille "dupée", les Albright, sont témoins et auteurs de la disparition de la véritable Esther. Le coupable n'est autre que le fils Gunnar (Matthew Finlan) qui, dans une dispute, a blessé sa sœur au point d'avoir brutalement mis fin à ses jours. Tel mafieuse sans scrupule la maman Tricia (Julia Stiles), parraine de la tragédie, décide de couvrir sa progéniture en camouflant la vérité aussi bien que la dépouille de la mortelle accidentée, cachée dans les profondeurs d'un trou, situé dans le jardin de la résidence. Allen (Rossif Sutherland) le père, n'est évidemment pas au courant de ce qui s'est passé et ne joue aucun autre rôle que celui de la marionnette manipulée par l'Estonnienne, sa femme et son propre gosse. Le pigeon dans toute sa splendeur qui ne se posera pas une seule question; ne serait-ce que par rapport à la différence physique entre l'usurpatrice et celle de la vraie soi-disant disparue. Ce n'est qu'au moment où il s'apprête à se faire tuer qu'il commence à comprendre, dommage... Son aveuglement aura été encore plus sévère que celui de John dans le premier opus, une prouesse !

Ce trouble au sein de la famille décrédibilise la dangerosité de la nouvelle arrivante qui se retrouve avec des gens presque aussi timbrés qu'elle. C'est à ce moment-là qu'il y a un parti pris comique dans l'histoire. Comme si ceux qui ont géré les paroles des personnages savaient qu'avec cette option ajoutée, la tournure situationnelle ne pouvait plus être complètement tragique, inquiétante. Certains passages sont amusants certes mais ne correspondent pas au style auquel est censé se rattacher le scénario.

Et la fin mon dieu... Depuis quand une personne peut-elle marcher en souriant, dans l'allure la plus tranquille qui soit, au sein d'une épaisse maison qui prend feu de partout ? La fausse gamine est protégée contre la fumée d'incendie ? Une réserve d'air pur est-elle implantée dans ses poumons pour que la meurtrière soit immunisée par le manque d'oxygène ? Ce passage représente le lâcher prise total des créateurs de ce Esther 2, pénalisée par les facilités narratives et le manque d'imagination des écrivains de cet antépisode suffisamment décevant pour être considéré comme raté.

Tarek437
4
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le 24 août 2022

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